Ce mercredi 14 juin est sorti dans les salles françaises Wùlu, le premier long-métrage de Daouda Coulibaly. Traitant d’une thématique complexe – le trafic de drogue en Afrique de l’Ouest – le film se démarque par son originalité et son absence totale de stéréotypes et de manichéisme. Le résultat : un film réussi et percutant, fort et poignant. Découvrez sans plus attendre la critique de la rédaction.
Après s’être illustré précédemment par des courts-métrages sur l’Afrique, le réalisateur franco-malien Daouda Coulibaly se replonge dans cette thématique pour son premier long-métrage. Mettant en lumière une partie sombre de la réalité de ce continent, le film aborde l’épineux sujet du trafic de drogue en Afrique de l’Ouest, notamment au Mali, pays gravement touché par ce fléau.
Un œuvre qui sort des sentiers battus sur l’Afrique
Wùlu suit l’histoire de Ladji, un apprenti-chauffeur de 20 ans vivant à Bamako. Travailleur acharné et garçon débrouillard, il espère une prochaine promotion. Lorsque le poste lui passe sous le nez au profit du neveu du patron, Ladji se tourne vers un autre moyen de survie : celui du trafic de drogue.
Ce que réussit extrêmement bien Wùlu, c’est d’éviter de tomber dans le jugement. L’absence de manichéisme chez le protagoniste (incarné avec brio à l’écran par Ibrahim Koma) rend cette œuvre pertinente et emplie de justesse. Tiraillé constamment entre son besoin de vivre, de survivre même, et ce que semble lui insuffler sa conscience et ses pensées, Ladji apparaît plus en victime du contexte difficile du Mali, qu’en véritable criminel. Car s’il choisit volontairement d’entrer dans le monde de la drogue, c’est bien parce que la situation économique et sociale de son pays ne lui laisse guère d’autres alternatives…
Effectivement, au Mali, la corruption semble partout, et émanant des plus hautes sphères (cf l’affaire Air Cocaïne, point départ de ce film). Et c’est bien ce qu’entend montrer efficacement Wùlu. Le pari est réussi. Loin des clichés que le cinéma a l’habitude de pondre sur le continent africain, l’œuvre souhaite illustrer une Afrique plus complexe et moins stéréotypée. Ici, il est notamment question d’une immense ville : Bamako. Exit l’Afrique des campagnes, ici la modernité côtoie les valeurs traditionnelles, pour former une multitude de facettes différentes.
Wùlu : un film nimbé d’onirisme
Sans se départir d’une volonté farouche de coller au maximum à la situation réelle et aux conditions de vie du Mali, Daouda Coulibaly choisit pour son œuvre de la nimber d’une atmosphère par instants onirique, irréelle et presque poétique. L’esthétique accordée aux images et aux plans n’y est pas pour rien. Le film fait le pari osé de proposer une narration originale, qui surprend et charme. Ici, elle se meut et s’affranchit du temps du réel pour y revenir avec plus de force peu de temps après.
Sans choisir le cru et la violence à outrance, le film ne laisse pas néanmoins pas le spectateur à l’écart de la noirceur du fléau de la drogue en l’Afrique de l’Ouest. C’est justement par son esthétisme travaillé et son onirisme poétique que le long-métrage arrive à nous transporter ironiquement dans le fond du problème.
C’est donc un film que vous recommande chaudement la rédaction. Sans tomber dans l’extrême violence, mais sans l’oublier non plus, Wùlu parvient efficacement à montrer toute la complexité de ce problème en Afrique de l’Ouest. Porté par des acteurs convaincants et une réalisation audacieuse et originale, le film se révèle très réussi. Découvrez sans plus attendre sa bande-annonce avant de foncer le voir dans les salles. En prime également, une interview du réalisateur réalisée par JustFocus avant la sortie en salle de son premier long-métrage !