Dans la banlieue de Limoges, trois vampires vivent en colocation au XXIème siècle. Leurs frasques et leurs péripéties servent un film sans réelle saveur, dont on questionne la valeur ajoutée du doublage. A l’heure où l’on bannit la VF au profit de la VOSTFR, Nicolas Charlet et Bruno Lavaine écrivent et dirigent une « œuvre française originale » en doublant le film « What we do in the shadow » et en adaptant l’intrigue à un public français. Le film a été baptisé Vampires en toute intimité pour la France.
Le film original « What we do in the shadow » est réalisé par Jemaine Clement et Taika Waititi, deux néo-zélandais à l’origine de la série HBO « Flight to the Conchords ». On y voit se développer une colocation de vampires avec leurs problèmes habituels. Etant immortels, ils se confrontent aux us et coutumes de notre époque comme l’entrée en boîte de nuit, mais aussi aux dilemmes de la colocation, comme la répartition des tâches ménagères sur plusieurs années. Le film est servi en grande partie par les trois personnages principaux : Ils sont poussés à l’extrême et même s’ils suivent les clichés habituels, ils nous causent des situations qui, à défaut d’être inoubliables, sont très plaisantes.
Et c’est là où réside tout l’intérêt de « What we do in the shadow », ce film néo-zélandais qui n’a eu droit qu’à une sortie VOD en France. En effet, malgré ses faibles enjeux, le spectateur passe un bon moment. Voir des vampires se faire refuser l’entrée en boîte de nuit, aller au bal annuel des morts avec un humain, se confronter à des loups-garous, même si ces scènes ne sortent pas de l’imaginaire collectif des vampires, restent plaisantes à voir. La conversion d’un humain en vampire suivie de son initiation complète la série de clichés plaisants.
C’est en partant de ce film efficace mais plaisant que Nicolas Charlet et Bruno Lavaine ont pu ajusté leur vision du doublage français. L’exercice s’avère périlleux : le doublage français peut ruiner un film ; et pourtant Nicolas & Bruno s’en sortent bien, malgré quelques inconsistances : Limoges est trouvé sur une carte de la Nouvelle-Zélande, l’architecture de Wellington et celle de Limoges ne sont pas tout à fait les mêmes… Malgré cela, on s’habitue très vite aux voix doublées, même les plus fantasques comme celle de Gilles, un humain protégé par la colocation de vampires. Les voix françaises d’Alexandre Astier, Fred Testot, Bruno Salomone et Julie Ferrier (mention spéciale à sa policière !) servent l’adaptation.
En somme, ce film ne restera pas gravé dans les souvenirs car son traitement ni innovant ni catastrophique d’une histoire de vampires reste correct. La version française « originale » apporte-t-elle réellement un renouveau de l’intrigue néo-zélandaise ? La question se pose, mais en tant que spectateur, on est très vite emportés dans l’intrigue, et l’on en viendrait même à apprécier le doublage – chose de plus en plus rare.
Gautier Delache