Critique « Seuls » de David Moreau : une adaptation avec des hauts et des bas

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Le 8 février prochain sort dans nos salles Seuls, adaptation de la bande dessinée franco-belge culte par David Moreau (The Eye, 20 ans d’écart) et portée par Stéphane Bak. Leïla, Dodji, Yvan, Camille et Terry se réveillent dans une ville déserte : tout le monde a disparu sans laisser de trace et sans explication. Ils vont donc faire équipe pour trouver des réponses.

 

Une adaptation réussie ?

Le film de David Moreau repose sur le très bon postulat de départ de la bande dessinée. Une ambiance post-apocalyptique, froide, silencieuse se met alors en place. Ces jeunes se retrouvent seuls, laissés pour compte, avec comme seule force leur solidarité. Les personnages vont devoir sortir de leur condition d’enfants pour aller de l’avant, être capable de relever les défis qui les attendent sur la route vers la vérité. Seuls, à la manière de la bande dessinée, raconte ce passage à l’âge adulte doublé d’une critique d’une société à l’agonie, au bord du gouffre.

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David Moreau offre une esthétique appréciable pour son long-métrage. Via une photographie précise, le cinéaste permet la mise en scène de quelques belles séquences, portées par des couleurs sombres. Une paranoïa permanente s’installe, laissant les jeunes faces à leur incrédulité grandissante, et face à quelques dangers impressionnants. Malheureusement, Seuls est un film en dents de scies, oscillant entre des bonnes idées et des ratages incessants.

Ainsi malgré un twist final accrocheur qui s’avèrera être le même que celui de la bande dessinée, Seuls finit de tomber dans le teen movie lors de sa toute fin, par une conclusion qui rappelle Hunger Games et toutes les productions plus récentes du genre. Un final qui est une porte ouverte pour la suite mais qui laisse un goût amer dans la bouche d’un teen movie inavoué. David Moreau essaye pourtant par moment de proposer autre chose mais Seuls revient constamment, à cause de prestations parfois hésitantes, de dialogues insipides, et de facilités scénaristiques, directement dans sa condition de film d’ado sans chercher à s’en affranchir. Seuls ne rend pas forcément toujours honneur à la bande dessinée, le long métrage n’est pas assez sombre, froid, violent et trash pour réellement inquiéter le spectateur.

 

Rapport à la bande dessinée :

Seuls est avant tout une bande dessinée de Bruno Gazzotti et Fabien Vehlmann débutée en 2006. Le film de David Moreau retrace tout le premier cycle. Bien évidemment, de nombreuses choses divergent par rapport à la bande dessinée, à commencer par la rencontre des protagonistes qui n’a absolument rien à voir. David Moreau offre ainsi un premier contact plus abouti avec ses personnages, cherchant d’abord à mettre en place le contexte avant les personnages, alors que Bruno Gazzotti et Fabien Vehlmann préféraient faire cette introduction dans le sens inverse, d’abord les personnages puis le contexte. Le choix du réalisateur a plus d’impact sur l’attention du spectateur. Le cinéaste ne s’arrête pas là et décide de magnifier le personnage de Dodji interprété par Stéphane Bak : il apparaît en tant que héros, en tant que personnage fort et indépendant et est introduit avec beaucoup plus de force que dans la BD.

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L’adaptation n’est pas aussi sombre que la bande dessinée, David Moreau va moins loin dans la terreur et ne laisse qu’une petite apparition au Maître des Couteaux. Ce dernier apparaît davantage dans la bande dessinée.

Autre différence fondamentale : dans la bande dessinée, Dodji promet à Terry qu’il va s’en sortir ; affirmation que le personnage n’émet pas dans le long métrage, préférant ne pas prononcer une promesse qu’il ne pourra honorer. Une belle manière pour David Moreau de jouer avec les dialogues, mais également avec la tension du spectateur, via cette réplique qui n’augure rien de bon. Apparaît également dans l’adaptation le brouillard qui empêche les personnages de sortir de la ville : brouillard qui n’existe pas dans la bande dessinée. Une belle matérialisation du réalisateur pour suggérer l’emprisonnement, l’enfermement, tout en étant une réponse aux 15 familles de la bande dessinée. Quant à la conclusion, outre le twist qui reste identique à celui de la bande dessinée, pas de monolithe, pas de zone rouge, pas de requin et de 15 familles dans l’adaptation de Seuls.

Divertissant, cette adaptation de la bande dessinée à succès Seuls demeure très inégale, offrant des envolés techniques, visuelles et scénaristiques de qualité. Cependant, les passages à vide sont nombreux, et Seuls manque d’obscurité, de violence et de terreur, et finit, en conclusion, par sombrer du côté des teen movies.