Critique « Revenge » de Coralie Fargeat : un survival série B impressionnant

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Pour son premier film, Coralie Fargeat signe un survival impressionnant en plein désert qui lorgne vers la série B. Véritable film de genre, Revenge met en scène la sulfureuse Matilda Lutz aux prises avec un trio masculin macho et violent, qui la viole. S’en suit une histoire de vengeance simple et efficace, qui repose sur des effets de mise en scène somptueux. 

 

Revenge : une série B pas prise de tête 

À l’image de ce genre décérébré, Revenge a un scénario qui repose sur un timbre post. L’intérêt du film ne repose pas tant sur son histoire, mais davantage sur sa mise en scène. A grand coup d’une bande originale électronique grasse et imposante Coralie Fargeat offre un visuel sublime, jouant sur les couleurs chaudes du désert et des canyons. La style et la forme sont au rendez-vous grâce à une mise en scène précise, moderne et rythmée. Des paysages sublimes, des corps nus magnifiés, des couleurs vives, des néons, le tout nimbé dans cette bande originale entraînante, où les élans graves de basses rythment les rebondissements de cette aventure gore. Dans cette villa chaude, les corps féminins comme masculins sont dévoilés dans leur simplicité, dans leur beauté nue, dans un univers rocailleux qui fait échos à un retour aux instincts primaires. Sanglant, Revenge a une dose d’hémoglobine qui rendrait Tarantino euphorique, et qui complète ce rapprochement des corps. Ainsi la chair est au centre de cette histoire à tel point que la comparaison à Grave est parfois inévitable. 

revenge photo matilda lutz 999690 Critique "Revenge" de Coralie Fargeat : un survival série B impressionnant

Très violent, Revenge offre quelques instants sanglants, et une course poursuite éreintante dans un désert incommode. Les codes de l’horreur sont évidemment respectés. Dans un univers hostile, la proie va devenir le chasseur, dans un classique retournement de situation, plaisir sadique pour le spectateur, plein d’empathie pour la protagoniste, victime de la violence masculine. Avec parfois un manque d’originalité dans son traitement, Revenge repose entièrement sur les effets de style, sur la beauté des corps, des décors et des images. Une photographie magnifique, quelques gros plans artistiques intelligents, une bande originale très hypnotique et une actrice principale renversante. 

 

Le renouveau du cinéma français de genre ? 

revenge2 Critique "Revenge" de Coralie Fargeat : un survival série B impressionnant

Après Grave, sorti il y a quelques mois, on tient peut-être ici un autre élément du renouveau du cinéma de genre dans le paysage français. Coralie Fargeat, tout comme Julia Ducournau, prend de véritables risques et offre une œuvre qui sort des carcans habituels du cinéma français. La comparaison entre les deux films est possible : un film qui salut le corps humain, au plus prêt de la chair et du sang, mais également au plus prêt des femmes. Une œuvre féministe forte, portée par la sublime Matilda Lutz, digne héritière de Lara Croft. Revenge parle également d’émancipation féminine, elle cherche à opposer les sexes et ses clichés, démontre que la force physique ne vaut rien, que la performance n’appartient pas qu’à l’homme. Coralie Fargeat aborde également les questions sexuelles qui vont forcément faire écho aux révélations #Metoo et #Balancetonporc, aux accusations qui éclaboussent certains des gros bonnets hollywoodiens. Revenge est un film féministe musclé, puissant et violent. Un survival magnifique, une montée en puissance excitante, jusqu’à l’orgasme visuel et sonore, dans cette conclusion sans concession à l’image de cette oeuvre sadique et gore. 

Revenge est le digne héritier de Grave : un film de genre féministe gore et violent qui prend des risques. Le long-métrage n’est pas exempt de défauts mais apparaît comme une véritable bouffée de fraicheur dans le paysage du cinéma français. 

 

Bande-annonce – Revenge