[critique] Prémonitions, réalisé par Alfonso Poyart

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Dernièrement est sorti sur nos écrans « Prémonitions », réalisé par Alfonso Poyart pour son tout premier long métrage. Mettant en scène Colin Farrell, Anthony Hopkins et Jeffrey Dean Morgan le long métrage raconte comment un ancien policier, vraisemblablement doté de dons qui lui permettent de pressentir l’avenir ou des faits établis, est rappelé pour arrêter un terrible tueur en série.

Une genèse longue et compliquée

A l’origine le scénario de « Prémonitions » était destiné à devenir la suite du thriller culte « Seven » réalisé par David Fincher. « Prémonitions » est en réalité un vieux projet de 15 ans qui est passé entre de nombreuses mains. A la fin des années 1990, deux scénaristes, Ted Griffin et Sean Bailey, travaillent sur un thriller centré sur un serial killer qui échappe au FBI jusqu’à l’arrivée d’un médium. Ce scénario a été racheté par la société New Line et devait devenir la suite de « Seven ». Mais David Fincher a refusé de réaliser le film et Morgan Freeman n’était pas disponible pour reprendre son rôle du détective Somerset.
En 2002 le projet est rebaptisé « Solace » et c’est à présent Nick Cassavetes, le réalisateur de « Alpha dog », qui est censé mettre en scène le film. Malheureusement ce dernier préfère se tourner vers d’autres horizons. Finalement le cinéaste laisse sa place à Paul Verhoeven, le réalisateur de « Robocop » et de « Basic instinct », qui va se consacrer à son tour à autre chose. En 2005 alors que le projet est sans réalisateur le nom de Bruce Willis circule pour incarner le rôle principal du futur film. Mais c’est après le succès de « The rite », film horrifique avec Anthony Hopkins, que le producteur de l’œuvre, Beau Flynn, fait lire le scénario de « Prémonitions » à ce même acteur et que ce dernier accepte le rôle. Afonso Poyart est engagé par la suite pour réaliser le projet.

Prémonitions

Une première partie inspirée

La mise en place du long métrage et par la suite toute sa première partie proposent certains éléments plutôt positifs. Le réalisateur mise la majorité de ses effets de style sur les prémonitions que possède le personnage d’Anthony Hopkins. Ce dernier a en effet le don d’entrevoir l’avenir grâce à des flashs qui surviennent lorsque celui-ci touche un individu. Ces prémonitions sont réellement bien mises en scènes. Ce sont de véritables effets de style, certes un peu ostentatoires, mais pourtant séduisants et de qualité. Ces courtes ellipses sont suffisamment choquantes, vives et rythmées pour faire passer quelques sensations au spectateur. A la fois hypnotiques, inquiétantes, criantes, elles sont l’élément fort du film. Sans être subtiles elles sont bien mises en avant et suscitent un certain émerveillement chez le spectateur.

Un film qui ne tient pas ses promesses

Malheureusement la seconde partie de « Prémonitions » n’est pas à la hauteur des attentes précédemment posées. Le long métrage et son réalisateur ne tiennent pas leurs promesses. Les enjeux deviennent plus illusoires, d’avantage vains au fur et à mesure que le dénouement approche. Le spectateur comprend vite les subtilités scénaristiques et anticipe sans grande difficulté le final pourtant si prometteur. Les interprètes semblent mal à l’aise. Colin Farrell apparaît complètement perdu dans son rôle de méchant. Bien loin de la puissance de Kevin Spacey, l’ex Alexandre Le Grand offre une de ses plus mauvaises interprétations. Reste Anthony Hopkins éternel imperturbable qui s’accommode aisément de son rôle de medium.

Le réalisateur ne parvient pas à créer le suspense tant attendu. Il dévoile son méchant trop tôt et avec un manque cruel d’originalité. Le protagoniste est trop vite porté à l’écran, sans véritable prestance ou inquiétude au contraire du serial killer de Fincher presque vingt années auparavant. Le réalisateur se repose sur les prémonitions si efficaces de la première partie, le long métrage n’existe plus que par ces courtes ellipses. Pourtant l’effet sensoriel s’étiole et s’affaiblit peu à peu. « Prémonitions » ne devient plus qu’un enchainement de scènes disposées un peu aléatoirement jusqu’à un final terriblement décevant. L’originalité a déserté le navire, les dialogues ne volent plus très haut et la première confrontation entre les deux grands antagonistes fait l’effet d’un pétard mouillé. Les péripéties deviennent communes jusqu’à une course poursuite en voitures sans logique ni intelligence. Poyart n’a pas non plus le talent de David Fincher pour immiscer une quelconque ambiance crasseuse et pesante, il ne se contente que de jouer, trop longtemps, avec les effets techniques pour bousculer son spectateur.
Le film garde néanmoins un message étonnant, une sorte d’allégorie de l’euthanasie qui prend forme par le bras meurtrier, mais aussi salvateur, du meurtrier. La scène finale étant une réponse étonnement inattendue.

Finalement « Prémonitions » n’est pas à la hauteur des exigeantes attentes qu’il s’était lui-même fixé mais reste un divertissement convenable.

Bande-annonce