Mundruczó est probablement l’un des cinéastes contemporains les plus respectés. Capable du meilleur (White Dog) comme du moins bon (La Lune de Jupiter à sérieusement divisé la critique), celui-ci nous livre son premier film américain, Pieces of a woman, premier film en langue anglaise, accueilli avec triomphe par la critique, qui en a fait l’un de ses favoris pour les Oscars.
Synopsis : Une femme et un homme. Ils s’aiment, sont heureux et attendent impatiemment la naissance de leur petite fille. Celle-ci meurt juste après sa naissance. Le père décide d’attaquer la sage-femme en justice et sombre dans la dépression. La femme quant à elle essaye de passer à autre chose, en ignorant sa douleur.
Les trois armes fatales du cinéaste hongrois sont sa (monstrueuse) séquence d’accouchement, son casting et sa mise en scène. Quelques minutes après l’ouverture du film Kornél Mundruczó tente de nous assommer avec une idée radicale : Filmer en un plan-séquence d’une trentaine de minutes l’accouchement de Martha. Une idée géniale et radicale par son réalisme. Jamais on aura vécu sur un (petit) écran, un accouchement aussi douloureux et réaliste. Allant crescendo, se transformant petit à petit en scène d’horreur du quotidien, on étouffe avec les jeunes parents, on est soulagé lorsque l’enfant voit le monde et horrifié lorsque la vie reprend le nourrisson. L’utilisation du steadycam est d’une maîtrise remarquable, il accomplit de véritables prouesses. Difficile de ne pas avoir de compassion pour le pauvre cadreur qui a dû se tordre dans tous les sens. Après cette première demi-heure qui s’avère être un véritable choc, on est totalement lessivé par cette épreuve.
Suite à cet homérique plan-séquence, il est difficile pour Pieces of a Woman d’égaler ce morceau de bravoure. On a très vite l’impression d’assister à une version moderne d’Eyes Wide Shut, par une volonté commune de montrer une vie conjugale réaliste, et une réalisation utilisant principalement des longs plans filmés au steadycam. Malheureusement, Pieces of A Woman n’arrive pas à dépasser le statut de leçon de mise en scène, pour faire ressentir la souffrance de ces personnages après ce plan-séquence absolument époustouflant. On ne ressent rien de la fascination hypnotique que peut dégager le film de Kubrick.
Reste la performance de l’impressionnante Vanessa Kirby, sidérante en femme déchirée par la douleur, mais tentant de reste digne avant tout. C’est vers elle que notre fascination va, ainsi que notre admiration, faisant d’elle une des favorites des oscars.
Malgré de très grands moments de cinéma, Pieces of a Woman échoue à être véritablement émouvant. Il en reste de très grands moments de bravoure, une actrice incroyable et une excellente réalisation.
Bande-annonce Pieces of a Woman :