De nos jours. Une petite fille, Nelly, vient perdre sa grand-mère et se retrouve dans sa maison en pleine nature avec ses parents. Nelly, pour s’occuper, décide d’explorer les bois et d’aller trouver l’endroit où sa mère construisait une cabane. Elle rencontre Marion, une petite fille qui lui ressemble comme deux gouttes d’eau : Marion est la mère de Nelly.
Céline Sciamma, l’une des cinéastes les plus atypiques du cinéma français est de retour avec Petite Maman.
Vous l’aurez compris, ici, Céline Sciamma adapte à sa façon le voyage dans le temps. La particularité est de traiter ce périple non pas par le biais de la science-fiction, mais du fantastique. Le voyage dans le temps n’a ici aucune explication rationnelle. La raison pour laquelle Nelly arrive à se retrouver en présence de sa mère enfant dans les années 80 ne s’explique pas. Elle se comprend. Telle la réplique « tu viens du futur ? » elle est d’une évidente enfantine. Nul besoin de justificatif, les faits sont là. Point.
Ce voyage temporel peut être interprété comme la recherche de l’émotion perdue. La première partie de Petite Maman évoque avant tout le deuil. Et le traitre de manière très épurée, sec, sans effusion de larmes. Ne le cachons pas, les débuts du nouveau Sciamma sont très austères. Mais, plus le temps passe, plus l’on se rend compte que l’objectif ici est de nous faire ressentir l’absence d’une présence. De nous permettre de nous identifier aux émotions des protagonistes, de nous faire ressentir l’absence de ce membre important de la famille qu’est la grand-mère.
Un film austère
Cette austérité disparaît peu à peu pour nous entrainer dans les réjouissantes frontières de la fable, du fantastique. Un conte qui est à la croisée d’un Retour vers le Futur et des films de Miyazaki. Les procédés de Sciamma, épurés, simples, à la manière de sa mise en scène, ici très fixe, nous emmènent justement vers une complexité, vers un abime de sensations allant de la pure joie à l’angoisse.
Ce sont toutes ces émotions qui s’entrechoquent dans un joyeux mélange avant de nous mener à un climax démentiel. Petite Maman est un film austère. Encore plus que Portrait de la Jeune Fille en Feu. Comme son précédent film, la musique y est quasiment absente. C’est alors que les deux fillettes, passant leurs dernières journées ensemble, décident d’aller explorer un lac. La musique apparaît alors en même temps que nos frissons. Et achève de nous montrer un film d’une éclatante pureté, faisant chavirer nos petits cœurs de spectateurs.