Les biopics et films tirés de faits réels ont déjà prouvé maintes fois que la réalité raconte parfois les plus belles histoires. Penguin Bloom, le dernier film de Netflix sorti hier avec Glendyn Ivin à la réalisation, n’échappe pas à la règle et nous délivre le récit poignant de Sam, une femme paralysée suite à un accident, qui retrouve goût à la vie grâce à une jeune pie recueillie par la famille Bloom : Penguin. Filmée avec une délicatesse et une simplicité touchante, l’histoire vraie de Sam suit la détresse d’une femme et d’une mère, sans jamais tomber dans le pathos, pour délivrer un message d’espoir inspirant.
La détresse glaçante de la peur et de la culpabilité
Penguin Bloom commence par les images du passé, celles d’une vie parfaite dans une famille parfaite, à travers le point de vue tristement dénaturé de Noah, le fils ainé des Bloom. Puis intervient le drame d’une vie, une tragédie glaçante qui se joue en hors-champ, nous faisant nous imaginer le pire avec effroi. Sam Bloom (interprétée par Naomi Watts) s’en sortira paralysée des jambes et incapable de retrouver sa vie « d’avant ».
Si l’oiseau recueilli par la famille trouve sa place dans le récit un peu ensuite, toute la première partie dépeint la détresse d’une femme qui voit sa vie lui échapper, la détresse d’une mère qui n’arrive plus à en être une. La douleur familiale des enfants et du mari Cameron impuissant (interprété par Andrew Lincoln) se cristallise autour de l’éternel question humaine : pourquoi moi ? Pourquoi a-t-il fallu que ça tombe sur nous ? Dans un désir de compréhension, de rationalité face au hasard inexplicable, la culpabilité s’installe peu à peu car la seule réponse que l’on trouve est « c’est moi, c’est ma faute ». Cette culpabilité et ce sentiment d’injustice qui rongent Noah et Sam trouveront dans Penguin, la pie tombée d’un arbre et sauvée par l’aîné qui ne peut plus voler, un remède salvateur. En sauvant une vie, ces deux êtres brisés retrouveront un sens à la leur, acceptant petit à petit chacun de leur côté leurs émotions et l’aide de leurs proches.
S’en suit alors un long parcours de réparation du corps et de l’esprit, où l’on découvre petit à petit la vie de Sam et ses contradictions face au handicap : entre la peur, la tristesse, la colère et le deuil de son ancienne vie, le courage retrouvé de cette femme grâce à sa passion et sa famille force l’admiration.
Des lieux communs aisément pardonnés par la délicatesse de l’image
Si Penguin Bloom use de lieux communs déjà vus et revus (l’univers de la mer, symbole de liberté et de force, les photographies de Cam qui immortalisent des moments qui semblent perdus à jamais, la métaphore de l’envol), ceux-ci trouvent leur place grâce à la simplicité et la pureté du message et de la caméra, qui délivrent dans une délicatesse rare les moments de vie de cette famille fissurée.
Alors que le traitement du personnage de Penguin aurait pu tomber dans des facilités scénaristiques souvent usées par d’autres films du genre, l’oiseau ne se prend jamais pour ce qu’il n’est pas et partage très justement l’écran avec Sam, chacun grandissant en symbiose avec et grâce à l’autre. La sincérité de cette histoire vraie se ressent à chaque instant, autant dans les moments d’échecs si humains et légitimes que dans les réussites qui les transcendent. Si l’on regrette que les principes de verticalité et d’horizontalité ne soient pas assez exploités à l’image pour rendre cet effet de deuil du « debout », l’accentuation des gestes et paroles auparavant anodins transmettent avec force le courage du changement et l’acceptation de ce bouleversement.
Les lumières douces et très naturelles, l’interprétation toujours juste et la sincérité qui s’en dégage font de Penguin Bloom un film touchant non sans défaut, mais qui saisit au vol un moment de vie des plus difficiles avec une simplicité émouvante et poétique. Un beau film à découvrir sans plus attendre sur Netflix.