Critique « Nous, les Chiens » de Oh Sung-yoon et Lee Choon-Baek : une aventure écologique efficace

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Enfin ! Enfin, les cinémas rouvrent leurs portes dès ce lundi 22 juin. Après une attente de plus de trois mois, les cinéphiles vont de nouveau retourner s’enfermer dans les salles obscures pour découvrir de superbes œuvres cinématographiques. Pour accompagner cette réouverture, The Jokers programme la sortie de Nous, les chiens, un film d’animation sud-coréen qui vaut assurément le détour.

Réalisé par Oh Sung-yoon et Lee Choon-Baek, Nous, les chiens raconte le destin d’un chien abandonné par ses maîtres, qui retourne à l’état sauvage. Il va alors rencontrer un groupe de chiens errants qui lui apprendra les bases de la vie en liberté.

Un récit d’indépendance

Nous, les chiens a une forte valeur pédagogique. À travers une introduction qui brise le cœur, les deux cinéastes mettent en scène l’horreur de l’abandon. Ils entrent dans la tête de l’animal qui se retrouve livré à lui-même, abandonné par ses anciens maîtres. Le film, avec cette terrible ouverture, crée instantanément de l’empathie pour le chien. Une entrée en matière forte en émotions, très bien maîtrisée, à la portée pédagogique non-négligeable.

Critique "Nous, les Chiens" de Oh Sung-yoon et Lee Choon-Baek : une aventure écologique efficace

Une fois cette épreuve passée, le récit change totalement de ton. Nous, les chiens emprunte constamment à L’Appel de la Forêt, le roman de Jack London, récemment adapté au cinéma. Parce-que le récit décide de partir vers la prise d’indépendance, le concept de libération, l’effondrement des barrières. À travers leur intrigue, les deux cinéaste dépeignent des notions d’affranchissement du dogme établi, un retour au sources salvateurs, une acceptation de son statut pour mieux se relever, avancer et évoluer. En ça, Nous, les chiens est un film extrêmement positif, qui parle finalement d’atteinte de la liberté défendue.

Un film très politique

Le film raconte une rébellion des classes sociales les plus pauvres. Il aborde un concept d’effondrement du système avec un retour à la simplicité. Nous, les chiens est finalement un récit très politique. Les animaux sont la représentation du peuple, de la classe populaire, totalement délaissée par le système, le gouvernement et les puissants. Le long-métrage raconte comment les plus pauvres sont livrés à eux-mêmes, bloqués dans un système qui s’étouffe et qui ne propose pas de solution. Nous les chiens prône un retour à la simplicité.

Critique "Nous, les Chiens" de Oh Sung-yoon et Lee Choon-Baek : une aventure écologique efficace

Oh Sung-yoon et Lee Choon-Baek suggèrent l’abandon de la pensée actuelle pour changer notre mode de vie, notre consommation, pour se tourner vers une vie plus écologique et plus naturelle. Tourner le dos à cette société qui se mord la queue en permanence. Cette métaphore est réellement bien pensée et fonctionne à la perfection. Utiliser le prisme de l’animal pour parler de notre propre réalité et d’un mode de vie qui suffoque. Et surtout prôner un retour à une vie plus propre, où la complexité administrative inutilement compliquée serait abolie.

Un film parfois trop enfantin

Malheureusement, Nous les chiens est parfois trop enfantin pour totalement convaincre les plus vieux. Ce récit initiatique a un sérieux ventre mou au milieu de son avancée. De même, les personnages sont assez simplistes, pas totalement développés et très monolithiques. Des figures universelles certes, mais aussi très caricaturales. Le long-métrage manque finalement de finesse dans son traitement, assez simpliste. Si son rapport à la société est intéressant, le développement pur de l’intrigue est très attendu. C’est une histoire vue un million de fois, du retour de l’animal à l’état sauvage. L’approche de Oh Sung-yoon et Lee Choon-Baek ne propose rien de novateur, rien d’original. Nous, les chiens est un film sans surprise, qui manque d’épaisseur et de profondeur.

Critique "Nous, les Chiens" de Oh Sung-yoon et Lee Choon-Baek : une aventure écologique efficace

Reste cependant un final très impressionnant, dans lequel les deux cinéastes font preuve d’une véritable vision artistique. Un dénouement visuellement superbe, qui propose une séquence finale renversante, héroïque, passionnante, parfaitement rythmée, impressionnante, qui apporte un véritable ressenti de la puissance de la libération enfin atteinte.

Nous, les Chiens est donc globalement une réussite. Malgré une approche parfois trop enfantine et un ventre mou au milieu du récit. Le long-métrage est une ode à la liberté avec une puissante valeur écologique. La scène d’introduction et le final sont ainsi grandioses.

Nous les chiensBande-annonce