Claire Simon a filmé le concours d’entrée à la Fémis, prestigieuse école qui forme la relève du cinéma français, et a tenté de montrer ce qu’il se passe entre les candidats et le jury, mais aussi, et c’est la partie la plus savoureuse, ce qu’il se dit entre les membres du jury une fois les entretiens terminés. Ils sont cinéastes, scénaristes, réalisateurs, producteurs, techniciens et tentent de déceler parmi les nombreux candidats et personnalités leurs héritiers. Ancienne directrice du département réalisation à la Fémis, c’est avec un naturel et une légitimité que Claire Simon infiltre sa caméra près des nombreux professionnels du métier qui composent le jury de la Fémis.
On rigole donc beaucoup pendant ces deux heures, car avec le stress et la bonne volonté, les maladresses s’enchainent, et parfois lors des délibérations, la fatigue aidant, on se moque gentiment. On est aussi souvent touchés par l’énergie et l’envie de ces jeunes soumis à l’examen, au jugement et souvent à la cruauté d’un refus. On devine les grandes gueules et les timides, on voit sur les visages la peur, on entend dans les voix l’angoisse. On est saisi par des moments émouvants et forts, des paroles touchantes, des confessions intimes sur l’origine profonde des motivations de chacun.
Élitiste, conformiste, inéquitable, le concours de la Fémis est souvent décrié, jusque dans la bouche des jurés d’ailleurs, puisque qu’une examinatrice et professeur de la Fémis en discussion avec sa collègue laisse échapper que pour une fois, elle serait ravie d’accueillir comme élève « une rebeu, un noir ou une asiat ». Claire Simon explique que ce qu’elle a voulu filmer dépasse largement la cadre de la Fémis, elle a voulu filmer un système de sélection à la française que l’on retrouve dans tous les milieux.
La réalisatrice a choisi de ne pas s’attacher particulièrement à des candidats mais a plutôt brassé plusieurs portraits ; le sujet de son film est bien représentatif d’un schéma du système de sélection du cinéma, et ne s’attache pas à suivre un destin en particulier. On s’en tient à la description des évènements, des étapes qui s’enchainent, l’impressionnante transition entre le plan large de cette immense salle et ces quelques 1200 candidats assis devant leurs épreuves, sur lequel commencent le film et le dernier plan, où l’on retrouve sur la photo de promotion une soixantaine de visages seulement.
Le Concours est un film sur le désir, l’espoir, l’envie, la jeunesse et les rêves et un beau témoignage de ce que représente cette grande famille qu’est le cinéma. Le film est dans les salles de cinéma depuis le 8 février.