Ajouté sans aucune annonce au catalogue Netflix le 22 juin dernier, La Part obscure (In Darkness en version originale) rejoint les nombreux thrillers de la plateforme ; ni bon ni mauvais, le quatrième long-métrage de Anthony Byrne a des qualités indéniables, mais qui étouffent dans un scénario vu et revu, sans audace ni surprise.
Tous les ingrédients d’un bon thriller sont réunis : une aveugle en personnage principal (Sofia), une voisine qui cache de lourds secrets (Veronique), des agents secrets et une bande de méchants. Un peu réducteur et pourtant La Part obscure ne peut s’empêcher de suivre un scénario terriblement classique, qui enchaîne les révélations et les scènes d’action. Sofia (interprétée par Nathalie Dormer, notamment connue pour son rôle dans Game of Thrones), une talentueuse pianiste aveugle, assiste malgré elle au suicide de sa voisine (Emily Ratajkowski) ; elle se retrouve ainsi embarquée dans une affaire pleines de secrets et de retournements. Tout se déroule irrémédiablement, avec un suspens plus ou moins présent selon les différentes révélations, mais tout reste d’un niveau assez uniforme.
Il faut tout de même accorder à La Part Obscure une réalisation très bien menée : la maîtrise du son joue beaucoup tout au long du film, tel un élément omniprésent et essentiel à la narration. Sofia étant aveugle, son audition est un élément clé du scénario et l’accompagne à chaque moment. Le spectateur est également aiguillé par les qualités sonores du film, des sons puissants aux musiques bien ajustées. On pourrait presque suivre le film uniquement grâce aux bruits et aux paroles des personnages, ce qui permet une immersion très puissante dans l’univers du personnage principal.
Face à cette maîtrise, on pourrait penser que la photographie serait bâclée et les partis pris visuels quasi-inexistant : et c’est là que La Part Obscure prend au dépourvu, en proposant à plusieurs reprises de très belles scènes qui, si elles ne sont pas révolutionnaires, suivent parfaitement l’univers du film. Les jeux de lumière sont très bien menés, avec des nuances jaunes et bleues ainsi que des moments d’ombre qui illustrent très bien la cécité et les impressions de Sofia (notamment les scènes de combat, qui sont filmées comme des ombres chinoises et accentuent la violence des séquences).
Mais le bon cinéma se résume-t-il à seulement « bien faire les choses » ? Suffit-il de faire de belles photographies et d’avoir un bon mixage son pour pouvoir parler d’un bon film ? Le cinéma est également fait pour oser, créer, inventer, innover sans cesse, laisser place à la folie et aux émotions, pour laisser parler les personnages et les images. La Part Obscure ne fait preuve d’aucune originalité et ne révolutionne pas le genre, loin de là. Malheureusement, de plus en plus de films produits par Netflix, qui bénéficient de grands moyens de production, ont tendance à s’enfermer dans un genre sans en dépasser les cadres et à rester sagement dans les limites d’un cinéma ni excellent, ni audacieux, dans sa forme comme dans son fond.
La réalisation ne fait pas tout, surtout lorsqu’elle ne révolutionne pas le genre : La Part obscure rejoint, avec un peu de regrets, les méandres du catalogue Netflix, à cause d’un scénario trop faible et peu ambitieux. Dommage pour un film qui aurait pu exploiter beaucoup mieux le suspens et les retournements de situation, avec une belle photographie et une maîtrise du son. On ne passe ni un bon ni un mauvais moment, mais le quatrième long-métrage d’Anthony Byrne tombera sûrement rapidement dans l’oubli.