Après Omar et Le Chanteur de Gaza, Hany Abu-Assad réalise son premier film américain. Un survival romanesque porté par Idris Elba et Kate Winslet. Livrés à eux-mêmes après le crash de leur avion en pleine montagne, deux étrangers doivent compter l’un sur l’autre pour faire face aux conditions extrêmes. Rappelant un peu Le Territoire des Loups de Carnahan, que vaut La Montagne entre nous, sorti au début du mois ? Focus !
Un survival très classique et un poil longuet
Soyons clair, La Montagne entre nous ne brille pas par son originalité. Il faut dire qu’il est difficile de renouveler le genre du survival, qui demeure très restreint. Le scénario ne surprend pas vraiment, utilisant tous les poncifs du genre. Un couple, un chien, perdus dans un environnement dangereux mais également somptueux… Les péripéties restent les mêmes : animal sauvage, glissade sur la corniche, eau glacée d’un lac gelé, maison abandonnée, romance naissante. Rien de bien nouveau donc.
Restent cependant un décor magnifique et quelques coups de caméra habiles. La mise en situation est réussie, rapide et efficace. L’accident d’avion est impressionnant, annoncé par un court plan séquence relativement bien exécuté et réalisé avec une technique remarquable. Le spectateur est facilement pris dans la tourmente, mais la longueur du film aura tendance à réduire sa concentration. Les situations s’éternisent, étirées pour meubler un film de 1h50 qui manque de matière et qui se retrouve facilement face à ses limites. Le duo d’acteurs fait impeccablement son travail. Kate Winslet, dans son habituel professionnalisme est parfaite, convaincante, tandis qu’Idris Elba joue sur sa séduction, sur sa mine renfrognée et sur ses jeux de regards inquisiteurs. Ils restent l’intérêt premier du film.
Un aspect psychologique totalement délaissé
Cette histoire aurait pu se terminer sur une étude psychologique intéressante. L’épilogue est relativement rapide mais soulève pourtant des questions pertinentes, notamment sur le traumatisme. Le film aurait gagné à être un peu raccourci dans sa partie survival, pour être allongé sur son épilogue psychologique. La Montagne entre nous aurait pu mettre en avant la difficile réadaptation des ces individus qui ont vaincu la mort dans un environnement froid et vide pendant des semaines. Le cinéaste aurait pu jouer sur l’opposition des divers environnements pour montrer comment l’être humain se réadapte.
De même, la relation qui s’installe entre les deux personnages est pleine de symbolisme. Une relation indispensable pour la survie de l’espèce, en l’occurrence des deux protagonistes. L’épilogue demeure très timide et rapidement conclu. Les personnages ont quelques (rapides) difficultés pour se réadapter avant de revenir l’un vers l’autre, mais cela ne va pas plus loin. Le réalisateur ne met pas assez en avant les contraintes morales et sociales que cette relation crée, surtout dans l’esprit des protagonistes. L’hésitation, le litige entre l’esprit et le cœur, présentés au cours de l’histoire n’a finalement pas vraiment lieu, la conclusion étant très vite expédiée.
Survival classique, histoire d’amour glamour mais attendue, La Montage entre nous n’a rien de bien original. Reste une réalisation soignée, qui parvient à faire oublier les facilités scénaristiques et autres stéréotypes.