A quoi peut-on identifier le western ? Le western se passe dans le Far-West, à l’époque de la conquête de l’Ouest et qui peut s’étendre jusqu’au début du XXe siècle. Parmi les catégories les plus connues de western il y a ceux qui opposent les pistoleros et bandits aux forces de l’ordre. Et enfin, ceux qui suivent les guerres indiennes opposant tuniques bleus et indiens. Une voie de moins en moins suivie par les réalisateurs hollywoodiens de nos jours, préférant rendre hommage aux westerns spaghettis à la Leone. C’est pourtant l’option des tuniques bleus qu’a choisi Scott Cooper, en mettant en scène Christian Bale dans Hostiles, en capitaine de la cavalerie chargé d’escorter un chef indien mourant dans sa réserve…
Tout commence avec un grondement de tonnerre. Un ferme est attaquée par un groupe d’indiens. S’ensuit une des séquences les plus impressionnantes, vertigineuses et terrifiantes que l’on ai vu depuis longtemps. La femme, Rosamund Pinke, fuit avec ses enfants sous la pression de son mari, voulant sauver la ferme. Elle est la seule à survivre. Les trois enfants (dont un nourrisson) meurent sous nos yeux. Brutal, violent, dur. Trois qualificatifs qui résument parfaitement Hostiles. Il y a quelque chose des grands films des années 1970. Une sorte d’Apocalypse Now version western en quelque sorte. Une idée précise semble se dévoiler, qui est de parler du monde actuel, et d’en faire le portrait à travers le cinéma. Le Western étant un genre qui a toujours parlé de la société américaine, Cooper décidant de transposer une intrigue pouvant se passer en Afghanistan de nos jours (dixit le dossier presse) pour en faire un « vrai » western. Un avec des cow-boys et des indiens. Des flingues et des flèches. Un western tel que John Ford le faisait. Et ce mixé avec du Coppola (la photographie de Takayanagi rappelant ici et là celle du Parrain).
Hostiles est un voyage aussi bien littéral que symbolique qui se déroule dans l’esprit des personnages. D’une certaine manière, le film se termine de la même manière qu’il a commencé. Cette fois, les méchants ne sont plus des indiens, mais d’ignoble propriétaire terriens avec l’accent Texan. Une inversion de valeur intéressante. Qui d’une certaine manière peut-être vue comme une critique d’un capitalisme surpuissant, ne respectant aucunement l’État (de là à ce que l’État soit digne de respect pourraient dire certains, c’est une autre question). Hostiles est un film qui ne souffre d’aucun manichéisme. Les indiens ne sont pas des innocentes victimes (les personnages les présentant comme tel sont clairement parodiés) tandis que les américains ne sont pas montrés comme des bourreaux et des brutes. S’il faut attendre clairement la fin pour avoir une réponse à propos de quel clan à raison, chaque protagoniste est traité comme un soldat traumatisé par une guerre. Hostiles a donc le mérite d’être un film extrêmement original sur ce point, puisqu’il est l’un des rares (voir le seul) westerns à suivre ce point de vue.
Au final, Hostiles est un western que l’on pourrait qualifier de crépusculaire. Un western où le rêve n’existe pas. Il n’y a pas de rêve américain dans ce film. Tel pourrait être le message du film : le rêve américain n’a jamais existé, seule la survie compte. Accompagné d’une mise en scène maîtrisée (le sens du cadre et du montage chez Scott Cooper est tout bonnement impeccable) et de remarquable acteurs (aucune fausse note, tous permettent de croire en cette violente odyssée), Hostiles a tout du futur classique. Il est dans tous les cas un film qu’on n’est pas prêt d’oublier rapidement.
Bande-annonce Hostiles :