Non désireux de vouloir nous contredire quant à la qualité de ses contenus cinématographiques, Netflix continue de s’enfermer dans les mauvais thriller. Extinction ne déroge pas à la règle, et navigue entre le sci-fi amorphe et le thriller paresseux ; un destin regrettable pour un scénario qui aurait mérité plus d’attention.
Déjà la bande-annonce présente Extinction comme un film de science-fiction ultra-classique, rythmé par les tirs extra-terrestres et les courses à travers les villes qui tombent en ruine. Malheureusement la première heure de film nous conforte dans cette idée, tant le scénario suit les schémas habituels du film d’action sci-fi ; Peter, père de famille pour le moins absent, a des visions d’invasion extra-terrestre, qui vont, dans un rythme assez lent, finir par se réaliser. S’en suivent les poncifs du genre, course-poursuite, cache-cache et compagnie ; jusque là, on se demande pourquoi faire un énième film catastrophe sur le sujet. Ben Young (réalisateur de Love Hunters sorti en 2016) semble se complaire avec facilité dans la simplicité des dialogues et des personnages, et mise tout sur un twist qui, à cause de cette paresse scénaristique des premiers instants, tombe à plat.
Extinction commence et se termine comme un épisode de Desperate Housewives : en voix-off, on nous énonce des vérités universelles, sur des personnages que l’on ne connaît pas encore, mais qui doivent donc nous ressembler. Et pourtant lorsque l’on entre dans la famille de Peter, l’empathie n’est pas au rendez-vous. Personnages mal développés, sans personnalité, jeunes filles insupportables qui ne sauront que pleurer et crier durant tout le film, Ben Young peine à rendre sa famille attachante. Les acteurs quant à eux sont aussi bien malmenés par le scénario insipide que par les tirs extra-terrestres. Si le casting aurait pu être attrayant (Michael Pena et Lizzy Caplan, que l’on a vu respectivement dans Ant-Man et Insaisissables 2), la direction d’acteur ainsi que les seconds rôles très moyens nous font très vite sortir du film.
Très limité financièrement, Ben Young a tout de même tenté d’inclure des effets spéciaux qui, même si très basiques, ne sont pas non plus franchement réussis. Entre les explosions improbables et les tirs de lumière, le réalisateur se concentre sur ce qu’il y a de plus compliqué à faire, alors qu’une photographie plus simple aurait sûrement permis une plus grande proximité avec les personnages ; tout ce qui leur arrive glisse sur nous sans nous toucher, puisque ce qui retient notre attention est, au final, davantage cette folie des grandeurs des combats que leurs émotions et leur façon de ressentir toute la situation. Entre la panique surjouée des deux gamines et la tranquillité absurde de Peter qui lui-même, n’a pas l’air de croire à ce film, le spectateur nage et contemple avec froideur et distance les scènes les plus horribles.
Il faut tout de même reconnaître au film une dernière demi-heure au-dessus du reste, où enfin on en découvre plus sur cette famille et sur ce qui leur arrive ; Extinction ne parvient à trouver son rythme que dans la révélation, et ne nous emporte donc jamais au-delà de l’ennui et du désarroi. Les morts nous survolent et jamais n’atteignent notre intérêt ni notre compassion.
Les minutes s’écoulent, et rien ne nous attache à la famille du film de Ben Young ; Extinction se révèle être un énième film qui n’apporte rien au genre, et qui se complaît dans une facilité déconcertante. On espère que le réalisateur saura retrouver son audace pour ne pas s’éteindre à son tour. En attendant, si vous souhaitez tout de même le découvrir, Extinction est disponible depuis le 11 juillet sur Netflix.
Bande-annonce Extinction de Ben Young :