Les films sur la gestation pour autrui ne sont pas monnaie courante. Si l’on peut notamment citer Melody (2015) de Bernard Bellefroid ou bien Naître père (2013) de Delphine Lanson, peu d’entre eux peuvent se targuer de traiter le sujet sous le registre choisi pour Diane a les épaules. Sans militantisme ni raccourcis, le premier long-métrage de Fabien Gorgeart s’aventure avec délicatesse sur ce terrain glissant.
Une comédie légère et profonde sur un sujet d’actualité
Diane (Clothilde Hesme), la trentaine, a les épaules qui se déboîtent et le ventre qui s’arrondit. Mais l’enfant qu’elle porte n’est pas pour elle. Par amitié pour son meilleur ami Thomas, en couple avec Jacques, elle a accepté de leur faire un enfant. Pendant cette grossesse (qu’elle choisit de passer en majorité dans une maison de famille à la campagne), elle rencontre Fabrizio et entame une relation amoureuse avec lui.
Difficile de penser que le sujet des mères porteuses puisse être traité au cinéma sur un ton léger et voire comique, tant la thématique fait débat dans l’Hexagone. C’est pourtant ce qu’a réussi à faire Fabien Gorgeart, le réalisateur. Loin d’être un film militant, Diane a les épaules est avant tout une comédie sensible sur un sujet complexe. Sans parti-pris, mais avec fraîcheur, humour, légèreté, et sensibilité, le long-métrage s’attache à suivre les pas de cette jeune femme, joyeusement bordélique, fougueuse et rentre-dedans, encore terriblement immature.
Mais dans ce ton de comédie pointe inexorablement une gravité et une profondeur inhérentes à un tel choix. Des questionnements et doutes de Diane que le film réussit à intégrer sans tomber dans un sérieux austère. Peut-on vraiment porter un enfant pour quelqu’un d’autre et s’en séparer sans souffrance une fois venu au monde ? Le geste de Diane est-il pure amitié ou pure folie ? A travers le parcours initiatique de 9 mois de cette adulte-ado, la caméra ne donne aucune réponse toute faite et préfère laisser au spectateur le choix de ses interprétations et conclusions.
C’est donc délicatement que le réalisateur Fabien Gongeart arrive à mener cette histoire complexe. C’est en grande partie par la douce folie du personnage principal que l’on arrive à mesurer l’incongruité et le caractère complexe d’une telle décision.
Une interprétation au sommet
L’interprétation juste et lumineuse de Clothilde Hesme est impressionnante. Connue pour son rôle dans la série Les Revenants et aperçue notamment dans K.O, Chocolat, Une vie ou L’échappée belle, elle participe amplement à la réussite de l’œuvre, en insufflant au personnage une énergie et une aspérité unique. Le reste de la distribution est également convaincante, même si les rôles sont quelque peu éclipsés tant celui de Diane occupe littéralement l’espace… Même son amoureux transi peine à exister ; si le couple qu’ils forment est touchant, il semble inégal, déséquilibré.
Au reste du casting , on retrouve, Grégory Montel (Dix pour cent, Cherchez la femme, Embrasse-moi !) et Thomas Suire en couple homosexuel désireux d’avoir un enfant. Et Fabrizio Ronzione (Faut pas lui dire, La fille inconnue, Le Cœur régulier) en amoureux impromptu de Diane.
Diane a les épaules est déjà dans les salles obscures depuis le 15 novembre. Un conseil : pour les adeptes d’un cinéma qui surprend et touche délicatement, courrez-y ! Prise de risque, originalité, fraicheur et audace, on aime le cinéma quand il est comme ça…