Critique de Zootopie de Byron Howard et Rich Moore

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Après des années difficiles au début du 21ème siècle, Disney est revenu progressivement sur le devant de la scène depuis Raiponce. Avec des films comme Les Mondes de Ralph, La Reine des Neiges et Les Nouveaux Héros, le studio aux grandes oreilles a prouvé qu’il savait encore réaliser des films d’animation. Leur dernière œuvre en date dans ce secteur Zootopie,réalisé par Byron Howard et Rich Moore, en salles depuis mercredi.

Zootopie

Zootopie, un film très proche de l’esprit Dreamworks

Dreamworks, autre grand studio de l’animation américaine, a su s’imposer sur le marché avec Shrek, puis par la suite avec Madagascar, Kung Fu Panda et Dragon. Zootopie, bien loin de la finesse des films Pixar se rapproche d’avantage de la vitalité des studios Dreamworks. Reprenant un thème récurrent de l’animation, à savoir des animaux se comportant en êtres humains, Zootopie détonne de par une animation explosive. Le long métrage s’avère très coloré ce qui permet aux décors de bien se démarquer Le décor offre un contexte passionnant puisque l’histoire se déroule dans une ville en pleine effervescence, somptueusement conceptualisée. Elle est dominée par quatre quartiers aux environnements diamétralement opposés. Citons par exemple celle des souris qui est minuscule.

La relation entre les deux protagonistes du long métrage repose sur le principe du buddy movie : deux flics que tout oppose comme dans L’Arme Fatale. La lapine est un personnage droit, plein d’abnégation, obligé de faire équipe avec un renard fourbe et malicieux. Menant une enquête complexe, nos duettistes de choc vont se confronter à la puissance de mastodontes tels que des lions ou des loups.

Très loin de la subtilité d’un film des studios Pixar, véritables chefs d’œuvre offrant différents niveaux de lecture et possédant la capacité de passionner les adultes autant que les enfants, Zootopie parvient néanmoins à capter l’attention. Très rythmé, le long métrage offre quelques rebondissements percutants appuyés par une animation dantesque. D’avantage porté sur l’action que sur l’humour, Zootopie ne fait jamais réellement rire, la séquence la plus drôle étant celle présentée dans le teaser avec ce désopilant dialogue avec le paresseux Flash. Ces annimaux attachants devraient susciter quelques picotements d’émotion à ceux qui ont eu des animaux durant leur enfance. L’histoire n’est pas bien originale, les quelques embardées poétiques de vigueur dans un long métrage d’animation inter générationnel sont rares, et le spectateur averti ne sera jamais surpris par enchaînement du scénario.

Zootopie a tout de la recette Dreamworks donc, action et rythme en priorités, l’émotion et l’humour étant relégués au second rang.

Quel est le message de Zootopie ?

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 La construction narrative de Zootopie est intéressante puisqu’elle traite d’une société calquée sur nos fondements sociaux. Le spectateur n’a donc aucun mal à s’immerger dans l’histoire, puisqu’il reconnaît les administrations, le poste de police, la mairie, etc… C’est une manière pour les réalisateurs de jouer avec les stéréotypes pour dénoncer les stigmatisations. Les metteurs en scène se servent avec assurance des clichés idiots des préjugés humains pour mieux les détruire. Ainsi, une lapine dans la police n’est qu’une sombre farce pour les mœurs de Zootopie. Une femme, petit animal qui plus est, dans la police? Impossible. Le renard n’est pas digne de confiance puisqu’il s’agit d’un prédateur perfide et malin comme le démon. Quant aux prédateurs, minorité de Zootopie, la sauvagerie est dans leurs gènes, ils sont incapables d’évoluer.

Disney exploite la morale de Zootopie jusqu’au bout, prêchant le respect mutuel, et l’acceptation des différences. Un message fort et subtilement calqué sur notre situation, sur nos stigmatisations, nos rejets des différences. Grâce aux deux personnages attachants mais complètement opposés, qui forment pourtant un duo à l’alchimie parfaite, Zootopie ne prend pas son jeune public pour un idiot et lui offre un long métrage propice à la réflexion et à l’ouverture vers l’autre. Utilisant un monde féerique et des protagonistes attachants qui sauront réveiller vos plus beaux souvenirs d’enfance, Disney signe un film d’animation à la seconde lecture très adulte, voir même pessimiste au vu de ce titre : Zootopie. Ce monde amélioré par nos protagonistes ne serait alors qu’une vaste utopie ? Allez voir le film.