Critique de « Tunnel » de Kim Seong-hun : un film catastrophe qui mêle les larmes aux rires.

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Jeudi 16 mars, dans le cadre d’une soirée organisée par le club 300, nous étions au Forum des images pour découvrir Tunnel, le dernier film du réalisateur Sud coréen Kim Seong-hun. Ce film suit la lancée de son prédécesseur : Hard Day, avec plus de deux fois plus de budget.              

                            

Tunnel : adaptation du roman éponyme de So Jae-woo.

Est-ce tiré d’un fait réel ?
Le réalisateur nous a confié lors du Q&A après la projection, il se serait possiblement inspiré du naufrage du ferry sud coréen : le sewol, en 2014. Suite à une négligence humaine, le sinistre a provoqué plus de 300 morts et a traumatisé toute la population coréenne.

 

Un casting « Bankable ». 

Le personnage principal de Lee Jung-soo est interprété par le grand Ha Jeong‑woo vu récemment dans le fabuleux film « Mademoiselle » de Park Chan-Wook. On y retrouve dans le rôle du chef des services de secourisme : le talentueux Oh Dal-Su, lui aussi maillon fort de l’équipe de Park Chan-Wook que l’on retrouve dans son mythique  film « Old boy ». Doona Bae, l’actrice qui nous fait vibrer dans la série Sense8 est également de la partie dans le rôle de la femme de Lee Jung-soo.  

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Un film catastrophe plein d’humour.

Comme écrivait Pythagore « n’entretient pas l’espoir de ce qui ne peut être espéré» telle est toute la question.

Alors que  Lee Jung-soo rentrait chez lui pour fêter l’anniversaire de sa petite fille, il va se retrouver enseveli dans sa voiture par plus de 180m de débris d’un tunnel, à la suite de son éboulement.

Va t-il s’en sortir ? Comment les secours, sa famille et le gouvernement vont-ils s’y prendre pour l’aider à y parvenir ?
Le schème du film catastrophe se transforme en une épopée mêlant savamment  angoisse, rire nerveux et rire comique. Cette belle antithèse émotionnelle permet au spectateur de ne pas trouver le temps long.

Le réalisateur a partagé lors du Q&A après la séance, que ce parti pris était dû au fait que lui même n’appréciait pas les films d’horreurs.

Il considère l’humour dans ce film comme un élément dédramatisant, il nous a d’ailleurs donné la très belle métaphore du morceau de steak qui, sans gras n’aurait pas de goût et serait trop sec. L’humour permet de mieux faire passer « la pilule ».

Une critique de la société coréenne évidente.

Comme dans le dernier film de Na Hong-jin : The Strangers, la tragi-comédie de Kim Seong-hun  nous laisse observer nombre de personnages incompétents dans les services de secours Coréens. Il propose une critique de la société Sud coréenne étouffée par les médias et l’aliénation aux nouvelles technologies pour s’en sortir, mais également de sa corruption, en insistant sur le pouvoir de l’argent privilégié face à la sûreté de la vie humaine.

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Un film chargé d’incohérences.

En effet, malgré une technologie de plus en plus développée, il semble qu’une batterie de téléphone ne puisse durer plus de 17 jours. Le personnage principal ne paraît pas être si assoiffé et si affamé que ça pour quelqu’un qui se retrouve coincé autant de jours dans l’atmosphère poussiéreuse et froide des décombres.
Le personnage de Lee Jung-soo a certainement un mental d’acier mais qu’en est-il réellement de son instinct de survie ? Il semble que n’importe quel être humain aurait déjà tenté de sortir par ses propres moyens.

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Malgré cela, le dernier film de Kim Seong-hun est très prometteur pour sa qualité photographique et sa fantaisie cocasse.

À ne pas manquer dès sa sortie en France :  le 3 mai 2017.

( un petit teaser pour vous mettre l’eau à la bouche )

Sénèque répondrait sans doute à Pythagore : «C’est quand on a plus d’espoir qu’il ne faut désespérer de rien.».