Critique « Mobile Homes » de Vladimir de Fontenay : un véritable petit bijou

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Il y a comme un renouveau au sein du petit monde du cinéma français. Démarré avec Mustang, il y a une véritable vague de premiers films français, notamment inspirés par le cinéma de genre et par le cinéma américain. Nouveau chapitre dans cette chronique du jeune cinéma français avec Mobile Homes du jeune cinéaste Vladimir De Fontenay (28 ans), émouvant road-movie racontant la fuite d’une mère et de son fils de 8 ans.

Deux amants criminels. Un enfant (Bone) au cœur des larcins des deux amants (Ali et Evan). Une intrigue assez simple et déjà vue (comment l’innocence se mêle avec le monde de la criminalité) mais qui est traitée avec une sensibilité profonde. Dans un univers assez brutal, De Fontenay choisi de se mettre à la hauteur d’un enfant et sa capacité à s’émerveiller dans cet univers. Le cinéaste évite tout jugement misérabiliste sur ces personnages pauvres mais débrouillards, recourant au système D et s’entraidant. Regard d’enfant mais mélangé avec des questionnements d’adultes. Comment choisir entre passion amoureuse et responsabilité parentale ? Quels sacrifice doit-on être prêt à faire pour pouvoir assumer son enfant ? Comment assumer de devenir adulte alors que l’on n’est pas encore prêt à renoncer à son enfance ? De Fontenay tente de donner la réponse à ces questions en mélangeant deux récits initiatiques : celui de l’enfant qui découvre le monde et celui de la mère se rendant enfin compte de son statut de parent qui doit protéger son enfant.

mobilehomes select 3 Critique "Mobile Homes" de Vladimir de Fontenay : un véritable petit bijou

En interrogeant son personnage, Vladimir De Fontenay, malgré sa nationalité française, fait un film typiquement américain, qui met le questionnement du rêve américain au cœur de son œuvre. Les deux amants sont en quête de réussite personnelle et matérielle qui correspond à celle du rêve américain : avoir sa propre maison, son propre lit, sa propre voiture, permettre à son enfant d’avoir une vie meilleure… Les personnages sont des figures marginales, n’hésitant pas à voler où à utiliser un enfant pour s’enrichir. Alors qu’Eva fini par disparaître, Ali va se voir offrir une nouvelle chance. A force d’effort, elle fini par s’intégrer dans une petite société composée de propriétaires de mobile homes (d’où le pluriel du titre) sous l’égide de Robert, véritable ange-gardien. 

Côté mise en scène, De Fontenay ne regarde pas ses personnages et leurs univers avec un œil compatissant. Il va plutôt essayer de donner un aspect féerique en utilisant des images correspondant à celle qui frappe la rétine d’un enfant. Animaux (la production fut accusée d’avoir maltraité des coqs utilisés lors d’une scène de combat de coqs, ce que Vladimir De Fontenay nie dans le dossier de presse), ombres, neige, jeux… Le film regorge d’images fortes, accompagnées d’une excellente bande-son laissant rêveur. Le paysage américano-canadien est ici magnifié et ce notamment par une colorimétrie très réussi. Le cinéaste, malgré une recherche naturaliste donnant à son film un aspect documentaire, réussi à faire une proposition esthétique forte et remarquable pour un film à petit budget. 

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Concernant l’interprétation, il faut louer la performance des trois acteurs principaux, Imogen Poots (Ali), Calum Turner (Evan) et Frank Oulton (Bone). Imogen Poots, déjà remarquée chez Terrence Malick et Peter Bobganovic, incarne une mère devant faire face à son propre manque de maturité mais n’ayant pas d’autre choix que de grandir le plus vite possible. L’actrice britannique livre ici une performance bouleversante dans ce rôle de mère prête à tout pour son enfant. Calum Turner (déjà vu dans Green Room avec… Imogen Poots) est très touchant en jeune homme paumé, incapable d’accepter la réalité de la situation dans laquelle il se trouve. Un antagoniste qui reste humain, malgré ses actes répréhensible. Enfin, Frank Oulton dans le rôle de Bone, 8 ans, livre ici son premier rôle au cinéma, en espérant que ce ne soit pas le dernier tellement le garçonnet est sidérant de naturel.

Émouvant, poétique, puissant… Plein de mots peuvent être utilisés pour qualifier Mobile Homes. Plus émouvant qu’American Honey et The Florida Project, deux (grand) films sur l’Amérique white-trash, Mobile Homes est un excellent film, une bombe émotionnelle à laquelle il est impossible de rendre justice avec des mots. Seule l’expérience que procure le visionnage de ce film peut le faire. Un film magnifique, qui dévoile un cinéaste : Vladimir de Fontenay, qui prouve qu’il est l’un des talents les plus éclatants du cinéma français. Dire que nous avons hâte de voir ses prochains films est un euphémisme. Un film à voir séance tenante !

Bande-annonce Mobile Homes