Critique « American Pastoral » : premier film inégal d’Ewan McGregor

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Ewan McGregor et Jennifer Connelly

American Pastoral, le premier film d’Ewan McGregor en tant que réalisateur sort ce mercredi en salles. Le long métrage raconte l’histoire de Seymour Levov, dit le Suédois, qui va voir sa petite vie tranquille détruite par la disparition de sa fille accusée de terrorisme. McGregor va, avec cette première réalisation, s’attaquer a un sujet des plus complexes pour un résultat assez bancal. 

Une première réalisation académique et parfois maladroite :

Ewan McGregor et Jennifer Connelly
Ewan McGregor et Jennifer Connelly

Avec une introduction très inspirée des réalisations de Woody Allen (portées par la voix off d’un personnage extérieur), McGregor joue la sécurité et nous offre une mise en scène très classique. Par un académisme professionnel parfois redondant, l’acteur, que l’on connaît pour Star Wars et Trainspotting notamment, se lance donc dans un film politique parfois maladroit. American Pastoral est une œuvre en dents de scie qui ne parvient jamais complètement à trouver son rythme ou un message non équivoque. Via une photographie appréciable et des prestations réussies, Ewan McGregor parle d’une famille qui se déchire à cause de l’endoctrinement de l’enfant de la maison. Dans les années 1960, à l’aube de la guerre du Vietnam, la jeune fille, interprétée par Dakota Fanning, fugue et entre dans un groupuscule d’activistes extrémistes.

Toutefois, l’acteur semble passer à côté de son message et du potentiel de son histoire, car plutôt que de présenter tout un pan de l’histoire américaine et de ses problèmes sociaux-politiques, McGregor préfère prendre le prisme d’une famille qui se désunit, se détruit, implose par la force des choses et de l’environnement. Malheureusement l’acteur-réalisateur ne parvient pas à sortir des carcans habituels du genre et nous sert une histoire réchauffée, voire obsolète, qui ne surprend jamais et repose sur de grossiers clichés et beaucoup de manichéisme. McGregor interprète un héros fade, sans nuance, niais et bien-pensant, sans réelle épaisseur. Pour autant Jennifer Connelly (Requiem for a Dream) parvient à tirer son épingle du jeu et offre une prestation impeccable. De même, McGregor tente une incursion sur le terrain psychologique de ses personnages. Il essaye, vainement, d’expliquer ce qui a pu pousser la jeune fille à de tels actes extrémistes. Mais une fois encore cela ne fonctionne pas.

Un message ambigu :

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En plus l’académisme poussif, le message de McGregor semble flou. Que cherche-t-il à raconter à travers American Pastoral ? L’endoctrinement de la jeunesse par le gouvernement ? Que la passion et la conscience politique sont des bases de destruction personnelle ? Que la religion chrétienne est la seule à avoir une quelconque légitimité ? Que le rêve américain et le patriotisme sont les bases de la nation ? L’acteur n’est pas clair et ne parvient pas à toucher son spectateur qui ne comprend pas réellement où il cherche à en venir. La caricature des enjeux et des personnages n’aide pas à la fluidité du récit, qui se cantonne à de nombreux rebondissements. Les rebelles sont-ils négatifs ? Positifs ? Difficile à dire… L’impartialité est absente, la nuance également, American Pastoral est un film manichéen et malheureusement très flou. McGregor, au lieu d’expliquer la condition de son pays dans ce contexte politique compliqué, de faire le tri dans les préjugés, les incertitudes et les méconnaissances, finit au contraire par les amplifier par la perte de repères de cette famille américaine. Existe-il un parallèle avec l’embrigadement actuel du djihad avec les jeunes, ou s’agit-il simplement d’une histoire de famille comme une autre ? Une fois de plus difficile à dire.

McGregor cherche à parler de tout, mais son manque de pertinence et de précision fait de American Pastoral un film inégal, qui parvient néanmoins à réussir son final, subtil et puissant.