Gore Verbinski réalisait en 2002 le célèbre film d’horreur The Ring, puis se consacrait ensuite à la réalisation de trois premiers Pirates des Caraïbes (La Malédiction du Black Pearl, Le Secret du Coffre Maudit, et Jusqu’au bout du monde) devenus cultes. Son dernier film remontait à 2013, avec l’hasardeux Lone Ranger. Le voici donc de retour avec A Cure For Life, un atypique et sublime thriller horrifique.
L’histoire est celle d’un jeune cadre d’une multinationale américaine, Lockhart, à qui l’on confie la tache de retrouver son patron, porté disparu après que celui-ci se soit rendu dans un mystérieux centre des Alpes Suisses. Pris au piège par le personnel médical et l’inquiétant docteur chef qui semble régner en gourou dans cet étrange institut, il n’aura pas d’autre choix que de suivre lui aussi la Cure et devenir pensionnaire.
Les ficelles du cinéma d’horreur sont utilisées mais Gore Verbinski les transcende : une mise en scène remarquable et très travaillée où l’on retrouve un grand nombre de références à de grands films et de grands réalisateurs, le tout avec une originalité et une fraîcheur particulièrement surprenantes. Les acteurs Dane DeHaan et Mia Goth sont saisissants dans leurs rôles respectifs de jeune arriviste repenti et adolescente ingénue cloîtrée dans sa tour d’ivoire par un paternel malsain. Le principe de la cure repose sur l’ingestion d’eau du centre, qui contiendrait des minéraux salvateurs. Le thème aquatique est omniprésent dans le film avec notamment ces anguilles ondoyantes et menaçantes.
On oscille entre le rêve et le cauchemar, et à la manière de Shutter Island, on se demande perpétuellement si ce que l’on voit à l’écran est vrai, ce qui fait de A cure For Life un film encore plus profond qu’il n’y paraît puisqu’il n’hésite pas à questionner les frontières de la réalité. De plus, il montre du doigt les faiblesses de notre société actuelle : la détérioration de l’espèce humaine en proie à la super productivité des grandes multinationales est dénoncée en fond par le suicide du père, l’abandon de la mère et les miracles de l’amour.
L’ambiance onirique méticuleusement élaborée par Gore Verbinski promet une expérience au spectateur étrange et angoissante. On n’en ressort pas indemne. La musique du film, ritournelle obsédante et angoissante, continue de nous trotter dans la tête longtemps après la fin de la séance. Les plans sont d’une rare beauté. Ils jouent sur l’immensité des paysages qui nous donnent le vertige, et sur le cloisonnement de ce lieu inquiétant, ses cuves d’eau et ses couloirs. On est à la fois dans le familier et l’inconnu ce qui laisse une rare impression de bizarre et d’inédit. Mystique, le film flirte avec plusieurs genres sans jamais se perdre.
La mise en scène, le scénario, l’image, la musique, le jeu d’acteur… On n’est pas loin du sans faute pour ce chef d’œuvre à la fois surprenant, terrifiant et sublime. A Cure for Life sera dans les salles de cinéma le 15 février.