Disponible depuis le 13 avril sur Netflix, Come Sunday est un drame qui place son action dans les affres du milieu ecclésiastique. Un film ambitieux pour la plateforme, qui s’empare d’un sujet compliqué à traiter, mais qui s’en sort avec les honneurs.
Tiré d’une histoire vraie
Ce film fut un vrai serpent de mer. Passé de main en main et de producteurs en réalisateurs, ce projet tiré d’une histoire vraie était dans les tuyaux depuis 2010. Il devait initialement faire sa carrière dans les salles de cinéma. Finalement, c’est le géant américain Netflix qui remporta la partie et distribua ce projet via sa plateforme. Une convoitise qui n’est pas illogique quand on connait la portée du message délivré par le film et le retentissement important que cette histoire a provoqué. Come Sunday raconte l’histoire de Carlton Pearson, prédicateur adulé de sa paroisse à Tulsa dans l’Oklahoma, qui, suite à un élément déclencheur, va commencer à émettre des doutes sur l’existence de l’Enfer. Cette décision va enchaîner, par un effet domino, une série de conséquences aussi bien professionnelles que personnelles.
Dès les premières minutes, le film nous plonge dans l’ambiance d’une paroisse gospel. Le réalisateur, Joshua Marston, fait entrer le spectateur dans l’église et son personnage principal Carlton Pearson apparaît comme il apparaît à ses fidèles : charismatique et convaincant. Il enseigne à son public le devoir d’être un sauveur pour son prochain, c’est à dire lui permettre d’accueillir Jésus-Christ dans sa vie et ainsi lui favoriser l’accession au Paradis une fois sa vie achevée. Mais le pasteur va échouer dans sa mission en perdant son oncle Quincy, retrouvé pendu en prison, qu’il avait refusé d’aider auparavant. Ce triste événement va faire vaciller Carlton entre sa conscience et ses croyances.
Un film sur la foi mais pas seulement…
Come Sunday n’est pas un film à réserver uniquement aux croyants. Loin s’en faut. Les questionnements sont multiples à sa vision et la question de la religion n’intervient pas à chaque fois. Le film de Joshua Marston devrait faire écho en chacun des spectateurs car il pose aussi des questions sur l’être humain et son rapport aux autres. Carlton Pearson se voit rejeter par une grande partie de ses amis et de ses fidèles suite à ses changements de positions. Il se retrouve en difficulté alors que sa croyance profonde en Dieu n’a pas changé. Le film porte, en quelques sortes, sur le courage de ses convictions et sur les difficultés d’être pleinement soi-même au risque d’être renié par la société. Placer cette problématique ici ajoute encore plus de complexité à l’ensemble puisque pour Carlton, il ne s’agit pas seulement d’émettre une opinion mais de guider toute une communauté selon les textes sacrés de la religion catholique. Un pasteur, considéré comme un messager de Dieu par définition, est responsable de son discours qui sera respecté à la lettre. Offrir une nouvelle interprétation d’un texte saint passe mal car elle remet en question une pyramide de certitudes.
Le film offre aussi un regard intéressant et novateur sur l’Eglise et les coulisses de la gestion d’une paroisse. L’obsession du chiffre est présente tout au long du métrage laissant penser que certains protagonistes sont avant-tout intéressés par le nombre d’adeptes et la popularité de leur paroisse au détriment des convictions profondes qui doivent normalement les animer. La plupart des personnages sont soit perdus, soit entre deux eaux.
Un casting prestigieux
D’un côté purement formel, la réalisation reste assez classique même si elle sert plutôt bien la narration et les moments d’émotions fonctionnent très bien. Après, le déroulement du film aurait pu permettre un meilleur développement des personnages. On les retrouve en interaction les uns avec les autres mais on ne connait pourtant pas grand chose de leurs passés respectifs. C’est regrettable puisque cela aurait pu permettre une meilleure compréhension de certains enjeux et une meilleure assimilation des liens qu’entretiennent certains personnages entre eux.
Pour finir, parlons du casting. On y retrouve une distribution très importante avec des acteurs de premiers choix. Chiwetel Ejiofor porte à lui seul le film tellement il est crédible et émouvant dans son rôle de prédicateur. Il est accompagné d’acteurs dont la réputation n’est plus à faire : Danny Glover (dans le rôle de l’oncle Quincy), Jason Segel (Henry, l’ami et associé de Carlton) ou encore Martin Sheen (dans le rôle d’Oral Roberts, télévangéliste et « parrain » de Carlton) délivrent des prestations très convaincantes. Condola Rashad (Gina, la femme de Carlton) et Keith Stanfield (Reggie) tirent également leurs épingles du jeu.
Produire un film sur les croyances chrétiennes et les doutes qui peuvent s’y rattacher était, sur le papier, un sacré challenge pour Netflix. Avec Come Sunday, la firme propose un récit à plusieurs tiroirs servi par des acteurs très convaincants.