Zillion, la folle et furieuse histoire de DJ Fou

Critique du film de Robin Pront

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Affiche du film

Au début des années 2000, rien ne semble pouvoir arrêter Frank Verstraeten aussi connu sous le nom de DJ Fou. Propriétaire du Zillion, un grand club où tout est permis, il trempe dans les affaires les plus sombres en pensant que rien ne peut l’arrêter. Zillion c’est l’histoire de son ascension mais aussi celle de sa chute, dans un semi-biopic (dépiction de la réalité avec des parties inventées) enflammé.

Un ton cynique

L’histoire de Frank a ce côté improbable et tordu que le film met à profit. Tout est prétexte à engranger encore et encore plus d’argent dans l’univers de Zillion et on nous transporte dans le milieu de la nuit avec ses trafics de drogue, ses orgies, ses jeux de manipulation… Le film n’emprunte néanmoins pas le chemin du trash et dose très bien sa décadence sans chercher à à choquer. Le monde de la nuit est le terrain de jeu de Frank et on nous le présente d’un point de vue très interne sans clichés ni abus de cet environnement malsain. Les personnages de Zillion sont à peu près tous malintentionnés, et quand ils ne le sont pas ils sont en perdition totale. Frank est en recherche totale de contrôle, à tel point qu’il narre le film à la première personne ; ce qui ne nous empêche pas de voir ses pires côtés, son ambition écrasante, ses violences envers sa compagne, sa prétention quand il a le monde a ses pieds. Son entourage n’est pas mieux que lui mais la subtilité du scénario aide bien à développer ses personnages dans une certaine cohérence, on n’enchaîne pas horreur sur horreur mais on est le témoin de la confusion chez des êtres fragiles et en pleine perdition. On est divertis par cette ribambelle de personnages horribles et attachants présentés et dépeints avec cynisme.

Don’t Stop ‘Til You Get Enough

A l’instar de son histoire, Zillion ne perd jamais le rythme et c’est sa plus grande force. Le film est d’une fluidité impressionnante que ce soit au niveau du montage ou de la réalisation dans sa globalité. Il dure plus de deux heures qu’on ne voit pas passer. Avec une bande originale qui tire le meilleur de la techno de l’époque et qu’on parvient à utiliser parfaitement pour rythmer les séquences et leurs transitions, on ne peut que rentrer dans l’ambiance du club avec intérêt. On a l’impression d’être en immersion totale dans le monde de la nuit avec tous ses aspects dont le premier est cet espèce d’état de transe avec une réalisation sensorielle, presque onirique par moments ; qui sait très bien profiter de ses grands espaces pour décupler les sensations et l’émerveillement de son spectateur. On est témoin de ce monde des possibles et tout semble inatteignable dans ces séquences presque magiques.

Success story d’un paria malhonnête

Zillion a des airs de films de gangster des années 90, ces success story chaotiques où tout fout le camp avec des personnages remplis d’ambitions. Pour qu’une histoire pareille fonctionne à l’écran il faut qu’elle soit capable de donner l’impression que la grandiloquence ne s’arrêtera jamais tout en maîtrisant son intensité dramatique avec précision. C’est ce que fait le film en reprenant ces codes et il le fait bien. L’ascension comme la chute restent passionnantes et les multiples rebondissements s’enchaînent en n’en faisant ni trop ni trop peu. On s’attache à cette histoire qui pique la curiosité et ose la folie, on respecte le sens de l’ambition et le génie de Frank tout en détestant son manque d’humanité mais on ne peut pas décrocher les yeux de lui et de son empire technologique. C’est un semi-biopic marquant qui utilise bien ses codes et ses inspirations pour faire passer un moment inoubliable à son spectateur.

Techno du début des années 2000, personnages d’écorchés, grandes séquences de décadence… Zillion est un spectacle fascinant qui il garantit à son spectateur un voyage dans un monde extravagant dans lequel rien n’est impossible mais où tout a un prix.

En salles le 21 juin