Le film voit Dany Boon très loin du registre de Bienvenue chez les ch’tis offrant une dernière et une belle course à Line Renaud avant d’aller se nicher dans une maison de repos.
Une belle course – « Chaque colère donne un coup de vieux, chaque sourire un coup de jeune »
Ce film à la fois tendre, drôle et touchant raconte à l’aide de flash-backs flamboyants l’émancipation et l’affranchissement du poids des diktats masculins. J’en veux pour exemple la phrase proférée par la « victime » du forfait perpétré par Line Renaud jeune qui est déroutante : « Qui n’a jamais battu sa femme ? » Un film qui conviendrait comme chant du cygne pour celle-ci, on est obligé de s’attacher à cette personne âgée prolixe qui paraît trop en forme pour se terrer dans un EHPAD.
Alice Isaaz est pertinente en incarnation de la soumission mais seulement pour un temps, car elle va se révéler capable de sadisme des plus prononcés. Quant à Dany Boon, la circonspection voire la retenue lui sied agréablement. La route parcourue n’est pas longiligne, il y a des arrêts, des dialogues confidentiels l’entrecoupant, des évasions oniriques.
Les folies fermières – « Mais ma femme dit que je fais très bien la poule, aussi »
Jean-Pierre Améris a été ébranlé par ce récit, auquel il accorde un film avec aménité et un problème d’hétérogénéité. Pour figurer cet événement tellement accommodant, ce film qui traite le monde agricole et qui donne confiance en les perspectives car tant de producteurs conjecturent encore à mettre fin à leurs jours, il emporte avec une bande sémillante et allègre, qui exalte l’histoire.
N’abordant jamais le suicide des agriculteurs frontalement, ce métrage inspire de la bonne humeur malgré un point de départ qui est l’adversité dans laquelle ils vivent.
Trois mille ans à t’attendre – « Vous êtes une sorcière qui l’a mis dans une boîte ? »
L’audace du film provient de sa certitude que le cinéma possède perpétuellement une appétence pour les scénarios convenablement édifiés. C’est aussi cette profusion de récits qui nous égare aimablement, et nous distrait, même un instant, de la déréliction, de l’affliction et du dernier soupir.
Ne ressemblant en rien à ce qu’a pu réaliser George Miller par le passé, confirmant ainsi son statut d’éclectique et de touche-à-tout du septième art, le scénario est d’une élégance narrative exceptionnelle. C’est l’histoire rigolote d’un génie qui veut extorquer trois vœux à une femme (Tilda Swinton) qui se croit pleinement satisfaite. Mais ceci n’est qu’un prétexte à raconter de fabuleuses histoires. Ce film prouve qu’il y a encore moyen de narrer différemment, des récits poétiques et sublimes.