Tár, les facettes du pouvoir décortiquées

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A travers le portrait de la cheffe d’orchestre à succès Lydia Tár et le tumulte de ses terribles actes passés qui reviennent se mêler à sa vie, Todd Field nous offre un avant-goût du pouvoir pour le meilleur et surtout pour le pire avec une des meilleures performances d’acteur de ces dernières années signée Cate Blanchett.

Le revers de la médaille

Tár est un film sur le pouvoir et il cherche à en explorer le plus de facettes possibles. On rencontre la talentueuse et très réputée Lydia Tár et le film se concentre d’abord sur son quotidien effréné alors qu’elle est à l’apogée de sa carrière. Petit à petit, comme si la gangrène s’emparait d’elle, sa vie se ternit et les conséquences de tout ce qu’elle a fait subir aux autres à l’aide de sa position de supériorité finissent par exploser en plein jour. Du rêve au cauchemar, on entre avec elle dans son autodestruction. Le film explore, au-delà de cet énorme contrecoup qui constitue l’histoire du personnage principal, différentes dynamiques de pouvoir et les débats qui entourent celles-ci. Lydia est professeure dans une faculté, mère d’un enfant, femme d’une femme, patronne d’une assistante. Tout ce qu’elle fait a un impact sur eux, et même quand parfois ils ouvrent un débat qui, en tant que spectateur ouvre à une grande réflexion sur le sujet, c’est comme si elle condamnait tout ce qu’elle touchait, comme si le pouvoir lui-même l’avait condamnée. Tár se veut comme une sorte de sujet d’étude sur son thème principal. Ce que l’on peut également apprécier c’est que le film n’excuse à aucun moment ces abus de pouvoir et se positionne juste en témoin de la chute d’une figure publique, tout en laissant la place à ceux qui en sont impactés.

Mise en scène magistrale

A l’image de son personnage, Tár nous mène à la baguette et nous entraîne dans sa mise en scène constamment en mouvement qui ne manque pour autant pas de volupté. Le mouvement est la clé principale de toute la direction artistique, qu’il soit frénétique, planant ou plus posé. Alors qu’on pourrait penser étouffer à l’image face à un sujet si brut et si dur que l’abus dans la dynamique de pouvoir, elle nous donne beaucoup d’espace pour respirer. Des plans larges, voire très larges, dans de grands décors étendus. C’est presque comme si Lydia se perdait dans tout cet espace et qu’elle en avait perdu le contrôle. La maîtrise technique du film est impressionnante et millimétrée, et cela passe également par un travail du son précis et significatif dans l’histoire de notre cheffe d’orchestre. Tous les détails sont réunis pour le plaisir des yeux, des oreilles, et la continuation de cette réflexion sur le pouvoir.

Performances d’actrices

Le réalisateur de Tár, Todd Field, a insisté à de nombreuses reprises sur l’idée que le film était fait pour Cate Blanchett et que si elle avait refusé le rôle de Lydia Tár, il se serait résigné à ne pas le faire. Il est vrai que le personnage lui colle à la peau et qu’elle rentre dans la véritable performance sans insuffler l’impression « film à Oscars. » ; un method acting efficace de A à Z. Le reste du casting n’est pour autant pas à oublier, notamment Noémie Merlant qui campe le rôle de Francesca, l’assistante de Lydia et le premier personnage qui remet en question les actions de sa patronne. Un jeu subtil et une certaine timidité que l’actrice Française parvient parfaitement à manier. L’alchimie entre elles deux est très intéressante et elles parviennent à retranscrire cette dynamique de pouvoir aisément et sous plusieurs tons. On saluera également Nina Hoss dans le rôle de la femme de Lydia, attachante au possible.

Un film qui peut être difficile à appréhender et qui fait office de véritable sujet d’étude sur les dynamiques de pouvoirs et leurs dérives, apportant une réflexion humaine et plus globale qui fait penser aux épisodes les plus sombres de Bojack Horseman. Un grand succès aux Etats-Unis qui risque de tout autant faire parler en France.

Tár, en salles le 25 janvier.