Stella est Amoureuse nous emmène dans le Paris des années 80, dans le quotidien de Stella, lycéenne ennuyée qui découvre le monde de la nuit et vit ses premiers émois. Suite d’un premier film sorti en 2007 et sobrement nommé Stella, qui racontait l’enfance du personnage éponyme, on la retrouve lors de son année de terminale, campée par Flavie Delangle.
Récit authentique
A travers Stella, la réalisatrice Sylvie Verheyde ne se cache pas de raconter un bout de son histoire. Elle ne se cache pas non plus de chercher une grande authenticité, notamment dans les dialogues. La seule romantisation permise c’est celle du personnage principal dans ses propres pensées. Du reste, du film se dégage un naturel rafraîchissant et agréable. Au-delà de la dimension (quasi) autobiographique qui donne indéniablement du cœur et de la substance à Stella est Amoureuse, il y a aussi une envie de décrire une adolescence universelle, une sorte de sentiment adolescent dans lequel tout le monde pourrait se retrouver. Le pari est réussi, et devant le film on peut aisément ressentir un brin de nostalgie, on peut comprendre Stella et ses copines : qu’on soit d’accord ou non on ne peut s’empêcher d’au moins compatir devant ces jeunes gens qui commencent à découvrir un tout autre monde, parfois un peu perdus.
Mettre en scène l’effervescent
La mise en scène est en fusion presque totale avec les sentiments, les ressentis de Stella. Elle narre le film en voix-off comme une sorte de journal, mais ce n’est pas tout. La mise en scène de Stella est Amoureuse prend parfois un tournant sensoriel en s’accordant totalement aux émotions de son personnage, surtout dans les scènes de boites de nuits, plus particulièrement les Bains Douches ici ; un endroit hors du temps qui permet au développement de Stella et qui évolue avec elle. Rien que l’ambiance lumineuse et les dominantes de couleur sont extrêmement importantes dans ces séquences. La musique a elle aussi une place primordiale, toujours dans l’idée que les moments clés du film se passent dans le monde de la nuit, qui plus est dans un monde où tout est permis et où tous les marginaux peuvent être les rois du monde. Beaucoup d’inspirations hip-hop, vaporwave, avec une place proéminente pour la danse, le style vestimentaire : la représentation de soi à la fois intra et extra diégétiques (à l’intérieur et à l’extérieur du film.)
Un casting fort
Des protagonistes avec de si fortes personnalités se devaient d’être campés par des acteurs choisis avec attention. Le casting a de nombreux atouts. Tout le monde est, en effet, très bien choisi en termes d’archétypes, mais c’est aussi l’occasion de découvrir de jeunes talents qui sont encore au début de leurs carrières respectives. Flavie Delangle, l’interprète de Stella qu’on a pu découvrir il y a quelques années dans la série Skam France, brille dans ce rôle principal qui paraîtrait presque fait pour elle. Marina Foïs et Benjamin Biolay sont parfaits en parents prolétaires, l’une tranchante et souriante malgré l’adversité, l’autre alcoolique et pas loin de sombrer à tout jamais. On peut aussi saluer la performance de Dixon, acteur et musicien qui joue André, la figure fascinante et remplie de talent qui attire l’attention de Stella. L’alchimie entre tout le casting est assez impressionnante elle aussi, que ce soit dans le groupe de copines de Stella, dans ses relations amoureuses ou familiales ; coup de cœur pour la relation mère/fille touchante portée par Marina Foïs et Flavie Delangle.
Un beau récit initiatique sur l’adolescence, la découverte du monde, des personnalités hautes en couleur qui ne sont qu’au début de leur aventure. Stella est Amoureuse est un film touchant qui met en lumière des thèmes importants avec subtilité, tout cela à travers une mise en scène rythmée et travaillée dans les détails les plus subtils et grâce à un casting flamboyant.
En salles le 14 décembre.