Misanthrope, un thriller haletant

Critique du film de Damian Szifron

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Affiche du film

Entre course contre la montre et vieux démons qui remontent à la surface, Misanthrope  nous emporte aux côtés de l’agente de police Eleanor (Shailene Woodley), une femme tourmentée  sur la trace d’un tueur de masse aux côtés du FBI. Une traque palpitante qui ne laisse pas indifférent.

Dynamiques de personnages

La traque du tueur de Misanthrope est également une traque des démons du personnage d’Eleanor qui voit ce mystérieux criminel comme une véritable némésis. On retrouve ici l’archétype du policier et du criminel qui partagent des souffrances similaires qui, en quelque sorte, représentent différentes résultantes d’un même destin. L’aspect cathartique de cette enquête est le cœur du film, au-delà de l’enquête elle-même. On cherche à aller au plus profond des personnages et à flouter les lignes du bien et du mal jusqu’à effacer tout manichéisme et parfois même rendre volontairement son spectateur soit confus, soit extrêmement intrigué. D’une histoire classique d’enquête naît un face à face poignant de deux personnes qui ne se sentent pas intégrés dans le monde et qui se comprennent alors qu’ils ne se connaissent même pas. Le film pose aussi quelques questions et garde son aspect flou à ce sujet : est-ce qu’ils se comprennent vraiment ou est-ce qu’Eleanor a besoin de ressentir cette étrange connexion pour avancer ?

L’aspect psychologique

Malgré de nombreuses scènes d’action très réussies, Misanthrope dégage quelque chose de très intérieur et c’est dans ce sens que va son développement. La mise en scène est très pointilleuse et se calque sur les avancées psychologiques d’Eleanor à de nombreuses reprises. Si parfois on peut avoir l’impression qu’on force le trait sur son mal-être, qu’elle-même en dit trop dans une mise en scène et une performance de Shailene Woodley qui se suffisent très bien, ce n’est qu’un des seuls reproches dont peut se targuer le film. On confronte aussi différents points de vue chez les personnages, en tant que forces de l’ordre mais aussi en tant qu’être humains tout simplement. Chacun partage sa vision de la vie, extrêmement différente, et cela donne lieu à des dialogues inspirants qui ont une importance cruciale au sein de l’enquête, toujours, qui est un point culminant de la vie de chacun. On cherche à explorer les problèmes de santé mentale des personnages avec beaucoup de pudeur, tout en intégrant leurs troubles à leur manière d’aborder leurs recherches.

Le travail du suspens

Si le cœur de Misanthrope se trouve dans ses personnages et qu’une partie de la mise en scène est intimement liée à leur psychologie, on ne peut pas nier que le film est un thriller qui rentre bien dans ses codes et qui a une identité rien qu’à lui qui fonctionne très bien. La mise en scène sait tenir son spectateur en haleine avec ses longs plans larges millimétrés et son rythme tout aussi précis qui plane avant d’exploser. Une importance toute particulière est également apportée au travail du son qui aide à cet effet. On note aussi l’esthétique nocturne de l’environnement urbain Américain qui est léchée et qui fonctionne parfitement bien. Misanthrope a un air de ces thrillers et polars Américains du milieu des années 2010 à la Prisoners et c’est plutôt agréable.

Un thriller qui sait aussi bien gérer ses scènes d’actions que le développement de ses personnages tout en sachant entretenir son suspens du début à la fin. Misanthrope est un film marquant qui nous rappelle la période dorée des thrillers d’il y a bientôt 10 ans.

En salles le 26 avril