Kokon, un été à Berlin

Critique du film de Léonie Krippendorff

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Affiche du film

Kokon raconte un été dans la vie de la jeune Nora qui ouvre petit à petit sa coquille et se découvre du haut de ses 14 ans alors qu’elle vit dans une famille chaotique dans laquelle elle a appris à se renfermer sur elle-même. On suit son parcours dans un coming-of-age aussi touchant que maladroit.

Rite de passage

Le coming-of-age, c’est un sous-genre du film d’adolescent qu’on peut traduire par « fiction d’apprentissage. » C’est une histoire qui raconte obligatoirement un passage soit à l’âge adulte soit d’une période à une autre dans la vie d’un ou plusieurs personnages. Kokon suit la petite Nora lors d’un été qui change sa vie. D’une nature plutôt renfermée elle se découvre petit à petit au contact des autres et voit le changer opérer tout au long du film, qui est la représentation du coming-of-age par excellence. On met en opposition des jeunes filles timides et d’autres complètement libérées et elles s’inspirent entre elles pour le meilleur comme pour le pire. Dans son portrait de la jeunesse Kokon se veut multiple et brut, ce qui renforce ce véritable rite de passage et montre à son spectateur que l’adolescence, bien que fantasmée par ses propres protagonistes, est d’une honnêteté brutale et d’une violence douce amère. C’est aussi rafraîchissant de voir l’histoire d’une adolescente de 14 ans, un âge qui est encore assez peu représenté dans le genre.

Aspect indé’

Kokon porte la pâte esthétique d’un film indépendant pour adolescent, tout comme il porte les archétypes de son genre. Au menu un format 4/3, une colorimétrie douce qui tire sur les tons pastel, des coins d’herbe hors du temps au sein d’une grande ville et des personnages considérés comme différents voire un peu étrange. C’est ce qui passera ou qui cassera selon son spectateur mais on ne peut pas nier le côté attachant de la chose. Le film n’a aucune difficulté à nous transporter dans son monde à la fois déroutant et familier aux côtés de la petite Nora. Il est aussi jonché de symbolisme et surtout celui du cocon bien évidemment, de la petite chenille qui sort de sa chrysalide. Nora élève et collectionne des chenilles dans des bocaux qu’elle garde précieusement dans sa chambre et l’imagerie du papillon et de l’éclosion reviennent à plusieurs reprises au long du film. Un parti pris qui prend à bras le corps sa représentation de l’adolescence dans tous ses clichés et dans toute sa réalité, confrontant aussi ce que l’adolescent lui-même s’imagine et ce qu’il vit réellement, toujours dans cette esthétique indé’ réconfortante.

Une maladresse touchante

Kokonest un film maladroit sur plusieurs aspects et c’est étonnamment l’une de ses plus grandes forces parce qu’il parvient à utiliser cette maladresse à son avantage. Elle étaye son propos et renforce l’immersion au cœur de l’histoire, au point où elle peut parfois mettre mal à l’aise. Mais ce n’est toujours pas une mauvaise chose, c’est juste une réaction à une représentation des plus naturelles de l’adolescence. Nora est un personnage maladroit, c’est une jeune fille perdue qui n’a aucun repère, qui découvre sa sexualité et forge sa personnalité ; Kokon est son histoire et le spectateur la suit coûte que coûte. On ne peut s’empêcher de s’attacher à ce petit univers incertain, parfois affreux parfois sublime. 

Kokon est un comin-of-age indépendant qui rentre dans tous ses archétypes et qui le fait bien. Destiné à un public qui aime le contenu pour adolescent, il est important par sa représentation honnête et naturelle de ce que c’est d’avoir 14 ans mais aussi pour sa représentation queer toute aussi naturelle. 

En salles le 5 avril