Critique « Une Vie Cachée » de Terrence Malick : la technique au service du récit

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Il est sorti le 11 décembre 2019, mais est disponible en VOD depuis le 6 mai dernier. Il s’agit de Une Vie Cachée de Terrence Malick. Un film inspiré de faits réels dans lequel le cinéaste dépeint le destin de Franz Jägerstätter, un paysan autrichien qui refuse de prêter allégeance à Hitler pendant la Seconde Guerre mondiale. Interprété par August Diehl, le film, qui dure quand même 2h54, narre son histoire.

La beauté visuelle de Terrence Malick est toujours aussi frappante

Ce qui frappe d’abord, encore et toujours, c’est la beauté du style de Terrence Malick. Que l’on aime ou pas son errance lente et contemplative, une chose est sûre : il sait parfaitement composer une image. Comme à travers ses précédents films, Une Vie Cachée est visuellement superbe. Le cinéaste filme la campagne autrichienne avec beaucoup de finesse, laissant les montagnes et la nature s’exprimer d’elles-mêmes. Avec sa caméra en apesanteur, il oppose la beauté, la tranquillité et la sérénité de cette campagne à l’horreur de la guerre qui s’étale dans l’Europe entière. Un contraste intelligent et évidemment judicieux.

Critique "Une Vie Cachée" de Terrence Malick : la technique au service du récit

Parce que cette fois, le style de Terrence Malick sert son propos. Ses trois derniers films, considérés comme la trilogie urbaine (A la Merveille, Knight of Cups et Song to Song), ont été très décriés pour leur manque de profondeur évident. En effet, à travers cette trilogie le cinéaste s’égare dans une frivolité qui n’a pas fait l’unanimité. Le réalisateur se regarde filmer de manière pompeuse, avec son style lourd et personnel, sans pour autant apporter de fond à son récit.

Le style de Terrence Malick utilisé à bon escient

Ici, c’est totalement différent. À la manière de Les Moissons du Ciel et de La Ligne Rouge, le récit est justement porté par le style technique. La mise en scène de Terrence Malick sert entièrement le propos de son histoire. Avec son approche contemplative, ses séquences hors de l’espace et du temps, son écriture méditative, il parvient à totalement entrer dans la tête de son protagoniste. Il dépeint sa détresse, son désir de rentrer sur ses terres, son amour pour sa famille et son aversion pour le nazisme. Il entre dans l’esprit de son héros, qui lui aussi médite, se rebelle par la non-violence, par la réflexion, par le silence. Rarement, la mise en scène de Terrence Malick a été aussi nécessaire, voir même salutaire.

Critique "Une Vie Cachée" de Terrence Malick : la technique au service du récit

En ressort alors un film profondément humaniste, qui vient raconter au monde le soulèvement de cet homme contre l’ordre établit. Il vient souligner son courage incroyable, son abnégation à toute épreuve envers ses croyances, ses choix et sa répugnance à l’égard du nazisme. Le long-métrage rappelle parfois Silence, que ce soit la version de Martin Scorsese ou celle de Masahiro Shinoda, qui racontait comment un homme refusait d’abandonner sa religion, même face aux pires tortures physiques et psychologiques. Ici, Franz Jägerstätter avait la possibilité de s’en sortir, il avait une porte de sortie à portée de main. La seule chose qu’il avait à faire, c’est de donner son allégeance à Hitler. Mais ses convictions sont inébranlables.

August Diehl est incroyable de véracité et de précision dans ce rôle compliqué. Il tient sans doute, pour le moment, le rôle de sa carrière. Évidemment, Terrence Malick oblige, Une Vie Cachée contient des longueurs inévitables. Avec 3h de métrage, difficile d’esquiver tous les ventres mous et quelques longueurs inhérentes au style du cinéaste. Mais on vous conseille grandement de ne pas vous décourager et de vous plonger dans Une Vie Cachée.

Une vie cachée – Bande-annonce