Comedy Queen, du rire aux larmes

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Un film jeunesse adapté d’un roman à succès qui aborde des thème difficiles avec toute l’humanité et la mignonnerie possible, une bouffée d’air frais indépendante .

Comedy Queen nous plonge dans le quotidien de Sasha, une jeune fille de 13 ans qui vient de perdre sa mère. Pour faire face à son deuil et ne pas se laisser emporter par la tristesse, elle crée une liste de survie qui a pour dernier objectif : « devenir une reine de la comédie ! » Elle s’y lance corps et âme, bien décidée à changer son quotidien. 

 COMING OF AGE CLASSIQUE 

Comedy Queen est un coming-of-age qui respecte bien ses règles. Pour rappel, c’est un sous-genre du teen movie dans lequel un protagoniste adolescent fait face à une épreuve qui le fait grandir et le rapproche de l’âge adulte. Ici, tout le sujet c’est le deuil auquel Sasha doit faire face et les conséquences qu’il apporte sur son entourage et sa vie de manière générale. Comment gère-t-elle l’absence de sa mère ? Comment fait-elle face à ses démons ?

C’est grâce à sa liste de survie qu’on va suivre ce parcours, au-delà de son envie de faire du stand-up et de rendre le sourire à son père dépressif. L’identification est facile, même en tant qu’adulte, et c’est un portrait d’adolescente profondément humain et réaliste. Tout semble naturel, et on peut remercier l’écriture extrêmement juste et la performance stellaire de la jeune Sigrid Johnson. 

DOUX AMER 

Le thème principal du film est donc le deuil. On en fait un portrait nuancé et le réalisme est d’autant plus renforcé par ce refus en bloc du manichéisme. Parfois triste, parfois joyeux, du rire aux larmes. Un portrait de gamine perdue qui ne perd pas son entrain d’enfant pour autant. On a l’impression que la vie continue mais que les moments dramatiques peuvent survenir à n’importe quel moment et nous exploser au visage.

C’est une montagne russe émotionnelle en tant que spectateur, on nous pose des bases et parfois elles explosent. Tout s’agite : ça crie, la musique s’emballe, la caméra nous embarque dans des plans séquences qui bougent dans tous les sens, les nerfs sont à vif. On comprend vite que c’est comme une bombe à retardement, et que c’est un film devant lesquelles nos larmes vont couler au moins une fois. C’est un tire-larmes qui fait sourire alors qu’on a pas encore eu le temps de se sécher le visage. 

UNE FORCE DE CARACTERE 

Alors qu’il rentre parfaitement dans son cliché de coming of age indépendant, que ce soit purement scénaristique/thématique ou esthétique, le film parvient également à se créer une identité claire, un véritable caractère. Les choix de mise en scène sont forts et assumés, on a par exemple un véritable travail du flou qui représente ce choix toujours de faire en sorte que la technique suive les émotions du personnage principal. Tout est lié à Sasha et à ce qu’elle ressent : une narration en voix-off, mais aussi une agitation constante avec très peu de plans fixes entre autres, et une shaky cam (caméra tremblotante) qui n’est presque jamais absente.

A cela on ajoute un casting exceptionnel de A à Z, un sens de l’humanité et du naturel cruciaux et surtout… Le personnage central  : Sasha, bien entendu. C’est une  gamine de 13 ans rebelle et terrifiée qui a beaucoup d’esprit et qui n’hésite pas à s’exprimer, peu importe la violence de ses ressentis. C’est un archétype qui pourrait vite énerver mais ici on trouve un juste milieu qui fonctionne et qui émeut. Elle porte le film sans difficulté et on est rapidement pendu à ses réactions. Comedy Queen est un petit film indépendant mignon avec un thème très fort qui vous fera vaciller d’une émotion à une autre, mais qui ne peut que très difficilement laisser indifférent. 

Actuellement en salles.