En 2018 est sortie le premier film original Netflix français, Blockbuster, une sympathique comédie romantique, bien que bordélique, qui a le mérite d’être un film rempli d’une énergie folle et d’une véritable volonté de faire du cinéma.
Julie Hygreck est une illustre inconnue, qui a le mérite de faire un premier long-métrage diffusé en exclusivité sur Netflix. Il s’agit du seul film de l’histoire du cinéma français à se retrouver en exclusivité pour l’Hexagone sur la plateforme, à l’exception de Divine visible uniquement à l’international. Blockbuster, c’est l’histoire d’un jeune homme, Jérémie, qui filme sa vie afin de la montrer à son père, atteint d’un cancer au stade terminal. Sa petite-amie, Lola, découvre que Jérémie l’a séduite en participant à un jeu stupide. Vexée, celle-ci le quitte. Jérémie va alors essayer de la récupérer en montant un faux gang de super-héros commettant de faux kidnappings de célébrités.
Blockbuster est une comédie romantique qui transpire un amour sincère pour le cinéma et la pop-culture. Comme le héros de True Romance, Lola est une vendeuse de comics. Elle est fascinée par les films de Michel Gondry (au désespoir de son compagnon, ne supportant plus de voir pour une cinq-centième fois Eternal Sunshine of the Spotless Mind). Les références aux comics foisonnent. Ce mélange entre le film d’auteur français, le film indépendant américain et les références américaines fonctionne plutôt bien. Et ce grâce à des personnages bien écrits, des situation rocambolesques, un humour plutôt réussi et un véritable sens du romantisme, qui permet d’obtenir un film honnête et touchant.
A l’inverse de son titre, Blockbuster, est en réalité un film à tout petit budget, digne rejeton du système D. Mixant found-footage et réalisation plus traditionnelle, on réussit à croire à l’histoire et à ses personnages farfelus. Il y a une véritable richesse visuelle dans le film qui permet d’ajouter un côté fantaisiste à son propos. On peut cependant rester circonspects devant des cadrages pas toujours bien maitrisés et les couleurs très (trop ?) proches d’un filtre instagram. Une richesse visuelle qui, par ailleurs, frôle le trop plein donnant un véritable côté bordélique. Cependant, cela reste une manifestation d’une vraie volonté de faire du cinéma et de le faire de manière originale, ce qui mérite d’être souligné.
Blockbuster est donc une histoire d’amour moderne, qui sans révolutionner le genre (la love story reste plutôt conventionnelle) permet d’apporter un vent de fraicheur dans le cinéma français, par le biais d’une véritable passion pour la pop-culture et une réalisation plutôt originale.
Malgré un véritable côté bordélique à ce film et des défauts inhérents à un premier long-métrage, Blockbuster reste un objet cinématographique très intéressant qui a le mérite d’être doté d’un vrai désir de cinéma.