Critique : « Big Fish & Begonia », entre émerveillement et lenteur

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Dans les profondeurs des films d’animation oubliés, nous avons ressorti aujourd’hui l’un d’entre-eux : Big Fish & Begonia, une fable intemporelle qui invite à la rêverie.

Ce long-métrage de 1h45 sorti en 2016 nous vient du studio chinois Beijing Enlight Media, et Netflix l’a rendu disponible dans son catalogue en 2018.
Il est de ces films qui abordent avec justesse les thématiques du parcours de vie, de la destinée et de la mort… de l’amour et de la dévotion aussi.

Des messages forts qui lui ont valu notamment un Coq d’or du meilleur film d’animation. Il faisait également partie de la sélection des films pour le festival d’Annecy en 2017.

Un scénario original proche d’un Miyazaki

Chun est une jeune fille qui appartient au peuple des Autres, maîtres des saisons, du temps et des marées. Au lendemain de ses 16 ans, transformée en dauphin rouge, elle part découvrir le monde des humains. Une nuit d’orage, un jeune garçon va la sauver des filets… en y perdant la vie.

Dévastée par le sort funeste de son sauveur, elle passe alors un pacte afin de rendre la vie à Kun. Des nombreuses péripéties sèmeront son parcours dans le but de ranimer l’esprit de l’humain.

Car en forçant le destin, on renverse l’équilibre des choses… et on doit s’attendre à en payer les conséquences.

big fish and begonia scene On navigue tout au long du film entre mers et terres, dans un univers inspiré de celui de Hayao Miyazaki. La mission de Chun pour sauver son ami transformé en animal rappelle celle de Chihiro et de ses parents… le tout plongé dans un monde qu’elle ne connaît pas. Même les petits rats serviteurs de la gardienne des âmes mauvaises rappellent les adorables boules de suie du vieux Yamagi.

Le rapport à la nature n’est pas en reste et on retrouve un peu de Nausicaa dans notre protagoniste.

big fish and begonia dauphin

Le film nous présente nombre de personnages qui auront leur place et leur utilité tout au long de l’histoire : Chun et Kun, les deux protagonistes principaux liés par le destin, Qiu, le “meilleur ami amoureux” qui se révèlera être un allié précieux, le sorcier et ses pactes, la vieille dame aux rats, gardienne des enfers…

Une fable contemplative…

Fidèle à son pays d’origine, le film a su s’inspirer des mythes et légendes chinoises pour créer une fable philosophique qui mérite amplement d’être regardée, à tous les âges. 

L’animation est fluide, l’ambiance colorée très agréable à l’œil. Les scènes d’action sont impressionnantes de beauté, et nous font oublier les quelques longueurs du scénario. La poésie se ressent dans chaque scène, les dialogues et les mises en situation ajoutent émotion et suspense.

big fish and begonia scene

… et des longueurs navrantes.

S’il est un point négatif majeur à retenir malgré tout dans Big Fish & Begonia, c’est sa longueur. On pourrait croire que 1h45 de film passerait vite, mais c’est tout l’inverse en réalité. L’histoire et ses rebondissements sont multiples mais pourraient se résumer en moins de temps, ce qui rend plusieurs passages très longs… De longs moments sans paroles, où rien ne fait avancer le scénario.

Une fois passé l’émerveillement devant les paysages ou les effets visuels – qui, il faut le reconnaître, n’égalent pas ceux des studio Ghibli dans le même genre – on finit par ne plus savoir quoi faire. Il faut attendre la scène suivante, en espérant qu’elle soit plus mouvementée.

Et quand bien même on y arrive, reste à déterminer son intérêt dans l’avancement de l’histoire. De nombreux passages sont certes visuellement beaux, mais sans le moindre intérêt. On aurait apprécié si au moins ils donnaient un peu plus d’informations sur le monde dans lequel évoluent les personnages.

En parlant des personnages, il est aussi difficile de les identifier que de les placer dans le contexte : leur nom n’est presque jamais mentionné et on peine à se souvenir de leur véritable rôle.

Divertissant et porteur de beaux messages

Si l’on oublie un instant les manques de ce film, on peut néanmoins en tirer une certaine bienveillance dans le propos. Tout au long du récit, Big Fish & Begonia nous apprend les fines nuances entre vivre et survivre, la beauté du sacrifice pour sauver la personne que l’on aime… Il aborde avec justesse les sujets de la maturité, du passage à l’âge adulte, du courage et de la dévotion.

big fish and begonia dauphin

Mais il nous rappelle également qu’à trop jouer avec le destin, on contrarie le juste cours des choses, et qu’un jour, il faudra en payer le prix.

La nature est magnifique mais régie par des lois inébranlables qui la rendent aussi belle que dangereuse. Alors, contentons-nous de la remercier et de profiter de l’instant présent.

Bande annonce de Big Fish & Begonia (2017) :