Initialement, Artemis Fowl devait sortir au cinéma. Mais à cause de la pandémie de Covid_19, le long-métrage devra se cantonner à une sortie directement sur Disney +. Il s’agit du nouveau film de Kenneth Branagh (Thor, Le Crime de l’Orient-Express) adapté de la saga littéraire culte d’Eoin Colfer. Pour l’occasion, il réunit Colin Farrell, Judi Dench et Josh Gad, accompagnés du jeune Ferdia Shaw dans la peau d’Artemis Fowl Jr.
Artemis Fowl raconte le récit d’un jeune héritier extrêmement intelligent et richissime descendant d’une longue lignée de criminels. Il découvre à ses dépens que le monde n’est pas ce qu’il est réellement. Un autre univers se développe dans le centre de la Terre, composé de fées, gobelins, nains et autres créatures fantastiques célèbres. Le jeune Artemis va alors devoir se lancer dans une quête périlleuse pour sauver son père.
Un film insipide qui fait office de (trop) longue introduction
Kenneth Branagh avait un contenu généreux et suffisamment épais pour proposer une œuvre étonnante et inattendue. Il pouvait offrir une relecture moderne de l’univers de Tolkien en transposant l’heroic-fantasy dans une réalité contemporaine. Malgré ce matériau dense à exploiter, le cinéaste passe totalement à côté de son film. Il signe une œuvre inintéressante et d’une platitude déconcertante.
Artemis Fowl n’est pas réellement un film. Au lieu d’être une aventure palpitante, le cinéaste se contente de cocher les cases du cahier des charges en proposant une trop longue introduction. Il n’y a pas réellement de film. Il s’agit plus d’une longue contextualisation qui ne fait qu’effleurer l’univers et le potentiel de ce monde féerique. Kenneth Branagh concentre son récit sur le manoir des Fowl, délaissant tous les autres décors, tous les autres mondes et territoires à explorer. Presqu’en forme de huit clos, Artemis Fowl est une lente et insipide introduction qui fait office de préliminaire. Une simple installation d’un univers plus large, le genre de film mensonger qui ne propose rien d’autre que le prologue de son histoire…
Artemis Fowl : vacuité visuelle autant que d’écriture
C’est quand même assez dingue de voir Kenneth Branagh échouer dans tout ce qu’il entreprend pour cette oeuvre. Ses personnages sont mal introduits et terriblement fades. Que ce soit le héros, tête à claque mal dirigée, ou les personnages secondaires qui font office de présence. Simples silhouettes, éléments de narrations téléphonés, seul Josh Gad tire son épingle du jeu en proposant une interprétation solide d’un nain géant attachant. Il renoue avec une tradition de personnage secondaire au ressort comique indéniable.
Quant à l’écriture de ce récit, elle est cousue de fil blanc. Tout est attendu, prémédité, avec une paresse assez impressionnante. Aucune surprise ne vient réveiller le spectateur qui tombe peu à peu dans une somnolence forcée devant les péripéties répétitives d’Artemis Fowl. Le film est en pilotage automatique, amoncelant les clichés du genre, que ce soit dans l’écriture des situations ou dans celle des personnages.
Et visuellement, ce n’est pas beaucoup mieux. Cette super-production made in Disney est vieille avant l’heure. C’est kitsch prématurément. Les CGI sont aussi hideux que ceux de Men in Black : International. Et les costumes sont sortis d’un vieux film de super-héros de la fin des années 1990. On se croirait presque dans une version ratée de Captain Marvel. C’est pour dire…
Bref, Artemis Fowl est un film arnaque. Une œuvre qui ne raconte rien, qui ne propose jamais rien de novateur, et qui se contente d’enchaîner paresseusement les situations sans vision artistique. Un film de commande par excellence, qui saccage un potentiel qui n’est pratiquement jamais effleuré. Un prologue putassier qui ne sert qu’à introduire une suite, sans aucune prise de risque. En gros, passez votre chemin et vite !
Artemis Fowl est disponible sur la plateforme Disney + depuis le vendredi 12 juin 2020. Voici la bande-annonce :