L’acteur et réalisateur Albert Dupontel est de retour avec son nouveau film : Adieu les cons. Pour son septième long-métrage, le cinéaste propose une aventure humaine drôle et touchante portée par le talent de Virginie Efira. Le reste de la distribution se compose notamment de lui-même, de Nicolas Marié ou encore de Jackie Berroyer. Adieu les cons est une réussite totale, qui mélange les genres avec beaucoup de maîtrise.
Un film parfaitement ancré dans la filmographie d’Albert Dupontel
Adieu les cons est du pur Dupontel. Un nouveau cru qui s’inscrit parfaitement dans la logique de sa carrière. Son style, sa personnalité, son approche si unique, donnent toute son âme à Adieu les cons, une véritable réussite, autant dans l’écriture que dans la réalisation. Albert Dupontel réutilise les poncifs de son style : une mise en scène parfois cartoonesque ; des personnages décalés, en marge de leur société, inadaptés ; une écriture qui mélange comédie et drame ; tout en proposant quelques réflexions sociales sur la civilisation moderne. Les amateurs de son genre seront conquis, ses détracteurs seront délaissés.
Albert Dupontel met en exergue une fois de plus son appétence pour le rythme effréné, proposant constamment des trouvailles visuelles impactantes. Sa caméra exubérante filme avec verve les tribulations de ses loosers magnifiques, des protagonistes paumés dans leur solitude, leur fracture sociale et personnelle, leur inaptitude à s’adapter aux mœurs d’une société toujours plus dure et violente. La grande force de Dupontel c’est aussi sa capacité à emprunter à ses aînés (les frères Coen, Robert Rodriguez, Jean-Pierre Jeunet, Michel Gondry, Wes Anderson, Jacques Tati et évidemment Terry Gilliam) mais sans jamais les copier. Toujours en insufflant son propre ADN, il propose ainsi des films inimitables et totalement uniques.
L’un des meilleurs films de 2020
C’est bien simple, Adieu les cons est certainement l’un des meilleurs films français de cette pauvre année 2020. Albert Dupontel est en pleine possession de ses moyens et propose ainsi un rythme d’une précision chirurgicale. Un crescendo d’émotions assez impressionnant. Après une introduction un peu timide, mais qui place les éléments et le contexte avec efficacité, Adieu les cons ne cesse de gagner en portée émotionnelle, en puissance, pour finir dans une superbe apothéose, sans concession. Une conclusion brutale, radicale, qui vient projeter un doigt d’honneur à une société pervertie, qui délaisse les plus démunis, et choisie de rester aveugle face à la misère. Une modèle social et économique qui est à l’agonie, et qui ne permet pas à l’individu d’y trouver son compte, dilué dans une masse floue oppressante, et inébranlable.
Albert Dupontel, avec son absurdité habituelle, raconte les méandres d’une société administrative qui se mord la queue. Une société qui traite le prolo, le fonctionnaire, les infirmes, les vieux, la femme comme « la lie de l’humanité ». Il dénonce une réalité dominée par l’argent, sans jamais tomber dans le pathos ou la moralisation. Via une scène très jolie, il critique également l’urbanisation de masse, le capitalisme à outrance, qui détruit les petits commerces, l’indépendance, la culture et l’identité. C’est brillant et jamais dans le forcing. Un brûlot rebelle contre l’ordre établi, contre les grandes instances, contre la hiérarchisation des Hommes, et contre les grandes puissances. Et il matérialise tout ceci avec beaucoup de poésie, comme le temps d’un instant, où le personnage du Dupontel hack tout un immeuble.
Adieu les cons partage beaucoup d’émotions
Adieu les cons est un film très poétique, très humain, qui dégage beaucoup d’émotions. Si Dupontel perd un peu en provocation par rapport à ses autres films, il gagne énormément en sagesse et en émotion. Le vilain gosse s’est calmé, et propose des passages portés par une émotion pure, spontanée, et véritablement prenante. Adieu les cons est emmené par l’énergie burlesque habituelle de Dupontel, mais également par une émotion nouvelle, où il met en exergue la sensibilité des gens, leurs traumatismes, leurs souvenirs, leurs regrets, avec beaucoup de tendresse. Aidé par un humour noir brillant, Adieu les cons mélange les genres avec beaucoup de maîtrise et fait passer ses spectateurs des rires aux larmes avec une simplicité déconcertante. C’est certainement son film le plus émouvant, dont la justesse impressionne.
Virginie Efira est elle aussi d’une précision incroyable, et démontre une nouvelle fois qu’elle peut être une brillante actrice. Albert Dupontel se surpasse et offre une comédie corrosive au romantisme touchant, un film délirant et émouvant, qui raconte avec humour et sensibilité les ravages et les aberrations du monde moderne. Le duo de tête expose une alchimie qui fonctionne à la perfection, dans une relecture poétique et moderne de Bonnie & Clyde. Enfin, Dupontel n’hésite pas à proposer quelques caméos inattendus et hilarants. Bref, courrez voir Adieu les cons !
Grosse claque que Adieu Les Cons. Dupontel signe un film très ancré dans son style cinématographique, qui joue habilement entre les ressorts comiques et les ressorts émotionnels. C’est drôle, touchant, et extrêmement bien rythmé.