Adapté du célèbre roman d’Irvine Welsh (1993), Trainspotting, cette ode à l’héroïne et autres addictions illustre la jeunesse écossaise dépravée des années 90. Toujours d’actualité, Trainspotting nous amène en plein trip d’une bande d’amis qui a préféré l’héroïne à la vie.
Une Écosse oubliée
Mark Renton (Ewan McGregor), un jeune homme peu prometteur et peu ambitieux, vit à Édimbourg ,en Écosse, un État économiquement affaibli. Comme la plus part des Écossais de l’époque, Renton est héroïnomane. Il passe son temps avec ses meilleurs amis, héroïnomanes, Sick Boy (Jonny Lee Miller), un tombeur obsédé par James Bond, et Spud (Ewan Bremner) un simplet sympathique. Mais aussi Tommy (Kevin McKidd), garçon honnête, adepte du sport et Begbie (Robert Carlyle), un alcoolique fou furieux qui déteste l’héroïne.
Pour se payer l’héroïne qu’ils consomment dans l’antre du dealeur Swanney (« La mère supérieure »), les trois potes commettront plusieurs petits délits.
Merveilleusement adapté par Danny Boyle, Trainspotting dépeint la dure réalité écossaise de l’époque. En effet, le pays tombe dans une difficile crise économique suite à l’élection de Tchatcher. Dirigé par la Grande-Bretagne, l’Écosse voit s’envoler son indépendance et toute possibilité de l’avoir. Cette crise économique et la main mise anglaise sur le pays sont évoquées à plusieurs reprises par les personnages. Notamment lors d’une énième élocution de révolte de la part de Renton, lorsque Tommy lui demande s’il n’est pas fièr d’être écossais. « It’s shite being Scottish! We’re the lowest of the low. The scum of the fucking Earth! » (C’est de la merde d’être Écossais ! On est les plus nuls des plus nuls, le rebut de l’humanité.). Mais l’appartenance communautaire est un point que l’on retrouve dans chacun des personnages. Un humour british, de l’arrogance, de l’autodérision, de la fierté et beaucoup d’addiction.
Choose life
« Take the best orgasm you’ve ever had, multiply it by a thousand and you’re still nowhere near it ! » (Prend le meilleur orgasme que tu as jamais eu, multiplie le par mille et tu es encore loin du compte). Ewan McGregor interprète avec brio cet héroïnomane qui ne trouve jamais de dernier fix à son dernier fix. Ses amis sont nuisibles, le miroir de son addiction, impossible de s’en sortir sans les fuir. Même quand c’est le cas, ils reviennent telle la peste. Mais comme Renton le dit dans le film, « c’est un ami, qu’est qu’on peut faire ? ». Sur fond de rock d’avant (Lou Reed, Iggy Pop) et de Britpop des années 90 (Blur, Pulp), Trainspotting était et reste le film de reconnaissance anglaise, équivalent british de La Haine. Phénomène d’identification, le long-métrage s’adapte aussi bien aujourd’hui qu’à son époque.
Une suite intitulée T2 Trainspotting, basée sur le roman Porno d’Irvin Welsh est sortie en mai 2017. Toujours réalisé par Danny Boyle, on retrouve dans ce second opus, les mêmes personnages 20 ans plus tard, interprétés par les mêmes acteurs.
Comédie noire dramatique, Trainspotting nous emporte dans le monde dark de l’addiction. Grâce à un scénario rythmé par du rock et de la britpop enflammée, les scènes défilent à grande vitesse, illustrant davantage la constante prise de drogue. Un classique tiré d’un classique à venir découvrir sans plus tarder sur Netflix.