Chill & Cult : découvrez « American Beauty » sur Netflix

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Intemporel et fascinant, American Beauty se regarde tel un sac qui vole au gré du vent : on ne sait pas trop comment l’aborder, on en rigole parfois, puis on suit avec tendresse cette beauté si relative et éphémère. Histoires du déni, de la dépression, de l’idéal et de la beauté, le chef d’oeuvre de Sam Mendes, teinté d’un rouge flamboyant, est un grand classique à (re)voir dès maintenant sur Netflix.

American Beauty a bientôt 20 ans, et pourtant il n’a pas pris une ride : le chef d’oeuvre qui a lancé la carrière de Sam Mendes (Les Noces Rebelles, Skyfall, Spectre) ne cesse de fasciner par ses thématiques et sa mise en scène superbement proportionnée. L’histoire est simple et efficace : Lester Burnham (Kevin Spacey, dans un des plus grands rôles de sa carrière), rongé par une vie morose couverte par les apparences du quartier américain typique, fait sa crise de la quarantaine et fantasme sur la meilleure amie de sa fille ; les destins des différents personnages s’entremêlent autour de la dépression de Lester, pour ne former plus qu’un film qui s’interroge sans cesse sur les notions de déni et d’idéal.

American beauty

Symbole du fantasme et de la beauté, la rose est partout, dans une omniprésence toujours légère d’un rouge flamboyant. Vernis délicat qui recouvre un déni flagrant, toutes les occurrences de ce rouge sont comme autant de témoins du drame physique et psychologie qui se déroule devant nos yeux, comme des indicateurs de cette tragédie annoncée dès le premier monologue en voix off de Lester. La photographie de Conrad L. Hall (qui a également signé l’image de Butch Cassidy et le Kid ou des Sentiers de la Perdition) capture habilement les moments de doute et d’insécurité (comme avec ces plans très larges, où les personnages se retrouvent noyés dans un fond et une vie sans aucune consistance) comme ceux de fascination et de fantasme. Elle parvient à capturer ce vernis qui s’écaille et se brise, et à sublimer cette critique de l’hypocrisie bourgeoise. 

American Beauty aurait pu s’arrêter à la simple satire jouissive et suivre seulement cette crise existentielle ; mais là où le film devient chef d’oeuvre, c’est lorsqu’il introduit avec subtilité une mise en abyme par le personnage de Ricky Fitts. Ricky, présenté comme le voisin obsessionnel et déroutant, se dévoile au fur et à mesure comme porteur d’un message puissant et tout autre que celui présenté jusque là ; en posant comme relative la beauté, le personnage phare de Sam Mendes apporte des nuances essentielles à travers cette vérité dont il est persuadé. Ricky remet en question l’idéal ; il se place toujours de l’autre côté du rouge, que ce soit celle des roses fantasmées ou celle de la lumière clignotante de sa caméra. Il capture et voit la beauté telle qu’elle se présente devant lui, sans artifice ni illusion, sans mensonge ni déni.

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Au final, qu’est-ce que l’American Beauty ? Est-ce la rose flamboyante et d’une apparence parfaite ? Ou celle fanée, qui laisse entrevoir toute sa fragilité et son visage si éphémère ? Le vernis si parfait semble être fait pour se briser et révéler les vrais visages, et les véritables beautés. Mais pour effacer ce vernis, il faut savoir prendre le temps, sans brusquer la chronologie, mais plutôt en laissant sa propre nature danser tel ce sac au vent, sa propre beauté s’épanouir. 

Incontournable chef d’oeuvre, American Beauty est bien plus qu’une simple comédie dramatique ; c’est une ode à la beauté différente, loin des fantasmes de la jeunesse, et près d’une contemplation sublime et presque mystique. A (re)voir sans plus attendre sur Netflix.

 

Bande-annonce American Beauty