Chappie est-il à la hauteur de District 9?

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Tous les amateurs de cinéma et de science fiction, ont vu et ont aimé « District 9 », véritable claque cinématographique sortie de nulle part. Le réalisateur sud africain, Neil Blomkamp,, repéré par Peter Jackson, a sorti son 3ème film : « Chappie ». Le long métrage raconte comment un génial ingénieur va créer une intelligence artificielle vierge. Une intelligence sans aucune pré-connaissance, qui va devoir évoluer, grandir et apprendre comme n’importe quel organisme biologique vivant. Mais cette intelligence nommé Chappie va se retrouver aux mains de petits gangsters ignares et violents.

Le second film de Blomkamp : « Elysium » avait été plutôt mal reçu. Un long métrage dénigré, souvent rabaissé, mais pourtant sous-estimé. Ainsi, après la décevante escapade sidérale avec Matt Damon, le réalisateur est de retour en Afrique du sud avec une nouvelle histoire.

« Chappie » reste malgré tout une déception. Même si le long-métrage reste meilleur qu’ « Elysium », il est encore loin d’atteindre « District 9 ». Le thème bien qu’il soit fort, est quelque peu éculé. Le traitement de Blomkamp n’offre rien de véritablement nouveau. Pourtant, le réalisateur essaye de créer quelque chose d’inédit : le robot a besoin d’une totale éducation humaine. Le réalisateur montre l’incidence du comportement humain, montre à quel point une intelligence artificielle serait un bouleversement total, qui subirait l’influence de l’esprit humain, que cette influence soit bonne ou fondamentalement mauvaise. La critique sociale est donc moins puissante que dans les deux précédents films du réalisateur. Après l’apartheid matérialisé par des extraterrestres et le combat des castes sociales, Blomkamp se contente ici d’amener le message commun des atouts et des inconvénients d’une intelligence artificielle.

Chappie

De plus, l’éducation de cet enfant artificielle enchaîne malencontreusement les clichés les plus communs et offre une trame prévisible. On passe par différents stades tels que celui  du stade de l’enfant, de l’adolescent qui n’en fait qu’à sa tête et à celui de l’âge de raison. Le personnage de Chappie n’a pas grand-chose à offrir. Amoncellement de clichés, le petit robot est rarement drôle, parfois touchant, souvent agaçant. Seul le concept de sa création et les conséquences qu’elle pourrait engendrer passionnent réellement. Les thèmes immémoriaux de la science fiction prennent ici dans le film de Blomkamp une dimension plus réaliste, moins élitiste, magnifique, absurde, grandiose ou utopique, ne cherchant pas forcément à être un traitement impressionnant mais simplement terre à terre et possiblement réalisable. Une fois de plus le réalisateur nous entraîne dans les tréfonds de sa ville fétiche, et nous montre toujours le côté sombre et crasseux du décor. Une étonnante controverse apparaît alors, un paradoxe entre la beauté extraordinaire de la création et la misère sociale et violente qui évolue autour de Chappie. Des hommes délaissés de toute aide, de protection sociale ou d’autres possibilités de sortie, qui sont contrôlés par une société écrasante. Les concepts et les thèmes sont donc fabuleux, une fois de plus très sociaux et sont traités avec beaucoup de nuances et sans véritablement poser de questions ou donner de réponses. Le réalisateur se contente d’imaginer comment évoluerait une intelligence artificielle dans notre monde.

Chappie

Malheureusement, le long métrage produit quelques fautes en raison de ses personnages. Aucun d’entre eux n’a vraiment la capacité de passionner le spectateur ou de sortir des standards habituels. Ainsi, on rencontre un méchant charismatique affûté d’une coupe de cheveux quelque part entre Godzilla et un rasta terriblement sous employé, un inventeur timide et cliché du genre, une Sigourney Weaver pratiquement inexistante, des petits braqueurs complètement stupides mais possédant une conscience honorable, et un Hugh Jackman ridicule constamment habillé d’un mini short horriblement moche.

Des erreurs très vite rattrapées par la mise en scène décoiffante. Le réalisateur met en scène des passages d’action avec une maîtrise remarquable. Il offre des effets de style géniaux. Des ralentis tonitruants, des slow motion splendides, des cadrages parfaits et un rythme juste et passionnant. Les scènes d’action sont absolument géniales grâce à la vision d’un réalisateur talentueux. Les combats impressionnants sauvent le film de l’ennui total. La scène d’ouverture et les 35 dernières minutes sont un condensé d’actions parfaitement orchestré. La conclusion est assez poétique. Bien qu’elle choisisse la facilité, elle reste utopique et attrayante, touchant le spectateur qui sera complètement entré dans le long métrage.

Chappie

Mais le dernier film de Blomkamp n’est pas assez ambitieux. Le réalisateur préfère agiter son intelligent robot plutôt que de débattre des thèmes peu traités du film.