Anomalisa, Pari gagné ! – La critique

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Anomalisa, La dernière création de Charlie Kaufman

72 Grand Prix du Festival de Venise

Nommé aux Oscars en tant que meilleur film d’animation

Hier se tenait l’avant-première d’Anomalisa, on dirait un peu un mot extra-terrestre, un peu comme son réalisateur et scénariste de renom, qui était tombé dans les oubliettes depuis 2008 malgré ses chefs-d’oeuvres : Dans la peau de John Malkovich et Eternal sunshine of the spotless mind.

Charlie Kaufman avait écrit une pièce de théâtre, Une pièce de théâtre qui se jouait à l’aide de plusieurs comédiens accompagnés de cartons pour raconter l’histoire. Cette histoire, Anomalisa a plu à Paramount, Kaufman, qui avait du mal à financer ses films (qui aurait pu le croire), se retrouve emballé par ce projet de fou, oui, de fou on peut le dire !

Mais il n’y va pas seul, c’est accompagné de Duke Johnson jeune et talentueux réalisateur, un peu extra-terrestre lui aussi car pour réaliser un épisode de Community, il en faut ; que Charlie Kaufman accepte de tourner un film d’animation entièrement en stop-motion.

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Pari tenu, pari gagné. Anomalisa nous raconte l’histoire d’un homme ou de tout un chacun. Un homme plongé dans un ennui profond qui aimerait se distraire. Cet homme s’appelle Michael Stone, mais nous pourrions l’appeler comme nous le voulons. Un auteur à succès qui permet à ses lecteurs d’augmenter leurs chiffres d’affaire grâce à une méthode de service aux clients.

Michael Stone part pour sa conférence, à Cincinnati. Il pleut, et Michael se fait chier, loin de sa femme et son gosse ; il est hanté par son ex. Evidemment, elle vit dans la même ville. Il l’a contacte après onze ans pour tromper l’ennui, oui tromper l’ennui ; qui n’a jamais essayé de trouver des palliatifs au quotidien, à l’ennuyeuse routine ? Mais c’est un échec.

Le rythme du film est aussi lent que son ennui !

De retour dans sa chambre d’hôtel, il boit, il s’ennuie. Il part chercher un cadeau pour son fils, il s’ennuie, il prend un bain, il s’ennuie, il entend une voix…

Mais cette voix, cette voix pourrait changer le cours de son histoire. Il délire ? On délire avec lui ? Il saisit sa chance, besoin d’un changement, Michael part à la recherche d’une voix…sa voie ?

Nous pouvons tous mettre un peu de nous-même dans Michael, à un passage de sa vie dans lequel il se pose des questions existentielles, Pourquoi la vie ? Ou Comment exister ? Vouloir être heureux après s’être endormi dans son existence…

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Il n’y a pas de sympathie créée pour les personnages, nous suivons cet épisode de la vie de Michael, nous nous trouvons déroutés, titillés. Les rencontres, la peur d’être fou, celle de rater sa vie ou encore de passer à côté…C’est un scénario criant de vérité, naturaliste, réaliste. C’est d’ailleurs pour ça qu’il nous déroute, sans doute guidés par l’étrangeté des personnages avec leurs visages composés en plusieurs parties, ces personnages qui se ressemblent tous excepté les principaux…Le syndrome  de Fregoli, étrange nom d’hôtel…un peu comme…une maladie ! Des masques, des masques sociaux ?

Comme une envie de vérité après avoir sombré dans les affres de l’ennui…Michael est cette personne qui s’est tellement enfermée dans son quotidien que le besoin de changement se fait, brutal, avec un petit grain de folie…une envie d’Anomalie…Lisa, femme touchante à la voix spéciale, aux particularités touchantes…Anomalie…Lisa…Anomalisa…Comme pour définir les anomalies qui surviennent. Celle de Michael s’appelle Lisa, douce anomalie…

Le stop-motion n’est pas réservé aux enfants, surtout n’emmenez-pas vos enfants voir Anomalisa du reste. C’est réaliste donc c’est cru, c’est nous, c’est le quotidien sans mentir. Il y a du sexe, du sexe maladroit, du sexe moche, du sexe tendre…c’est…réaliste.

Ce film ne rend pas heureux mais dubitatif. Il ouvre une porte qu’on connaît trop bien…Irez-vous ?!

 Hier soir, il y avait le Directeur de Paramount, la productrice Rosa Tran, Duke Johnson et…Charlie Kaufman !

Dans les personnages, il y a un peu du beau-frère de Duke et un peu d’une actrice croisée dans un bar à Los Angeles mais c’est un secret !

C’est long le stop-motion, ça prend des semaines, parfois des mois, le tournage de la scène érotique entre Michael et Lisa par exemple a duré 6 mois !

– C’est un film, un film un peu comme la vie, un peu comme l’ennui, dans lequel les travers humains sont exposés, un peu comme la vie, un peu comme les gens mais…comme on ne les voit pas.