Les studios Blue Sky, connus pour la saga L’Age de Glace sont de retour avec leur nouvelle production : Ferdinand. Carlos Saldanha, le réalisateur principal du studio, est de retour derrière la caméra pour cette histoire de taureau qui refuse de participer aux corridas.
Une œuvre rythmée qui joue avec les émotions
Carlos Saldanha parvient à retrouver la recette qui avait fait malheur pour L’Age de Glace : un mélange de comique rythmé et d’émotions. Le cinéaste parvient à présenter à l’écran toute une palette d’émotions, entre un comique souvent bien senti grâce à des personnages secondaires forts, notamment les hérissons, et une émotion puissante dans le relationnel créé entre l’Homme et l’animal. Carlos Saldanha parvient à piocher chez ses aînés et à récupérer la fougue de Dreamworks tout comme l’émotion de Pixar. Ainsi, ces hérissons rappellent les pingouins de Madagascar et la petite fille rappelle davantage l’héritage de Pixar et ses enfants toujours très proches de la nature.
L’émotivité fonctionne et ce dès le début, dans ce mélo dramatique qui n’est pas sans rappeler Okja. Une petite fille, prise d’amitié pour un taureau, dont le destin est soit de mourir dans l’arène, soit de mourir dans l’abattoir. Le sujet se rapproche du film de Joon-Ho Bong, notamment sur le rapport à la consommation de viande. Le cinéaste veut confronter son public à l’animal et le rapporter à sa manière de consommer. La seconde partie, plus classique, se rapproche davantage de la fuite de la société d’Alex et ses amis dans Madagascar.
Un film au sujet social important
Pour le dépaysement, Ferdinand rappelle le récent Coco et sa culture hispanique. Et si l’élan de Coco est positif, le film Pixar cherchant à faire la promotion d’une culture religieuse méconnue et poétique, Ferdinand veut confronter la nouvelle génération à la corrida. Il veut confronter le regard du public à cette tradition barbare, qui commence à peine à être contestée. Sans porter atteinte au bon vouloir du peuple, le cinéaste brésilien cherche à réconcilier l’homme et l’animal notamment dans sa séquence finale dans laquelle la corrida prend une autre identité, celle de l’entraide et du respect de la vie.
L’autre gros sujet du film est la consommation de viande. Carlos Saldanha cherche à entrevoir une alternative, une autre manière de consommer sans pour autant proposer de solution. Le cinéaste humanise ses taureaux et ses autres animaux sans pour autant tomber dans l’incisif. Ferdinand reste une production pour les enfants, ponctuée d’une habituelle happy-end politiquement correcte. Ainsi, le film veut confronter son spectateur à la consommation de viande et à la corrida sans jamais proposer de solution si ce n’est de s’isoler dans une ferme et de faire pousser des fleurs. C’est peut-être la limite de Ferdinand : sa naïveté.
Relativement classique dans son traitement et dans son sujet, Ferdinand fonctionne néanmoins. Drôle, touchant, avec des personnages attachants et quelques séquences mémorables, le film capte l’attention de son spectateur et propose un sujet humaniste et intellectuel à son jeune auditoire. La condition animale et la manière de se nourrir sont au cœur de ce film qui commence à la manière d’Okja et se termine dans les traces de Madagascar.