Les Humanoïdes associés sont une maison d’édition reliée au renouveau de la science-fiction en bd. Cependant, ils diversifient leurs proposition avec Birdking en proposant une quête d’heroic fantasy au féminin.
Une sombre vision de l’heroic fantasy
Birdking se place dans le genre de l’heroic fantasy. On sent l’inspiration des romans et des jeux de rôle par ces objets et leurs noms obscurs (la faux de Bisten ou le fléau ravageur de Ponter). L’édition est digne d’un manuscrit comme le prouve la magnifique couverture avec un vernis sélectif doré et la carte placée en ouverture du livre. Les chapitres s’ouvrent par une citation d’une chronique permettant de comprendre le passé de ce monde et le rôle de différents artefacts magiques. Plus que l’optimisme médiéval, le scénariste Daniel Freedman est davantage porté sur la dark fantasy. Le monde de Birdking s’est abandonné aux forces du mal. Le crime, la guerre et la violence sont le langage dominant. Le dieu Aghul diffuse une mythologie violente et réclame des sacrifices humains. Garçons et filles sont formés dès l’enfance à la violence. Bianca, apprentie forgeron, s’amuse dans un château en ruine à détruire des humains statufiés. Pendant ce temps, son maître est contraint de partir en quête avec Bianca pour le compte du roi nécromancien Aghul : il doit se rendre sur des terres inconnues afin de trouver des pierres d’ombrie pour réparer l’épée de la flamme éternelle d’Aduren. Ce voyage n’est que le début d’un parcours de deux personnages. Le lecteur voyage avec eux tout en découvrant leur passé.
A contrario de l’ambiance sombre, le style du dessinateur et coloriste CROM est lumineux. Les couleurs sont vives avec de grands aplats de couleurs et les traits épurés. En effet, les décors sont réduits à l’essentiel. Pour son deuxième livre, CROM affirme un style personnel. Il opère un contraste entre ces décors réduits à l’essentiel et des visages plus heurtés voire parfois laids. Il remet également en avant les onomatopées pour servir le récit notamment lors de la réparation d’une épée. Le choix des couleurs vives lui permet également de montrer la violence sans verser dans le gore. On peut voir les différentes étapes de son travail des croquis, au scénario et aux pages non-colorisées dans le très dense cahier graphique placé à la fin du premier tome de Birdking.
Des duos en quête de liberté
Bianca et son maître ont des tempéraments opposés. Le maître Thonir possède de nombreuses connaissances mais également de nombreux secrets sur ce monde, sur lui-même et sur Bianca. Pacifiste, Thonir méprise les soldats et a globalement une vision sombre de l’humanité. Bianca est une jeune fille impertinente. Elle se moque des chroniques qu’elle lit avant de dormir. Cependant, courageuse, la jeune fille ne craint pas les soldats mais s’amuse de leur passage. Elle rêve de gloire et veut partir en guerre mais son maître forgeron refuse. En attendant, elle s’amuse dans le château en ruines qui est réputé hanté. En manque de statues à détruire, elle rentre dans une pièce et découvre le squelette du roi de la colline aux plumes.
Malgré ce caractère aventureux, Bianca connaît très mal le monde au-delà des montagnes et son maître va lui apprendre à changer de regard. Ensuite, Thonir lui promet de lui révéler tous ses secrets. Cependant, Bianca trouve un nouvel équipier à la moitié du volume. Les péripéties dans Birdking sont nombreuses et apportent un rythme à la lecture. Comme dans un jeu vidéo, chaque étape du voyage révèle de nouvelles menaces. Bianca se transforme physiquement : elle porte dans son corps les marques des expériences.
Édité par Les Humanoïdes associés, le premier livre de Birdking ouvre un monde complexe. la noirceur du propos est contrebalancée par une héroïne principale pleine de vie et par un dessin très coloré. Bianca commence à peine sa quête et JustFocus sera ravi de la suivre dans ses futures explorations.
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