Pascal Marmet est l’auteur de 7 livres : un écrivain passionné qui est également chroniqueur radio. Particulièrement intéressé par la sphère policière, il invite le lecteur à prendre part à sa nouvelle enquête. Exécution est un roman court, qui recèle de mystères et de références différentes et uniques. Par exemple, chaque épigraphe de chapitre est une citation provenant du cultissime œuvre de Gustave Flaubert, Madame Bovary. Déjà à l’époque, l’ouvrage avait déchaîné les passions. Entre atteintes aux bonnes mœurs et contenu considéré comme provocateur à l’encontre de l’église, Flaubert a subi un acharnement médiatique. Ce roman jugé scandaleux se mêle parfaitement au paysage dépeint par Pascal Marmet. Au quai des Orfèvres, le lecteur pénètre les portes très fermées de cet édifice mystérieux où le destin d’hommes et de femmes vient se sceller. Dans ce magnifique palais de justice parisien, François Chanel travaille. Il affiche une belle carrière, qui force le respect. De son côté, l’avocat maître Nicolas Fender est un célèbre juriste, qui a conscience de son prestige. Visiblement attiré par la gent féminine, il a développé une attitude plus que problématique envers les femmes. Addict à son métier, celui-ci se retrouve en très mauvaise posture… Alors qu’il rentre chez lui, dans son manoir à Milly-la-Forêt, ce dernier est pris au cœur d’un guet-apens. Dans sa voiture, l’agresseur lui injecte un sérum inconnu dans le cou. L’assassin semble être motivé par la souffrance du bonhomme… Est-on en face d’un scénario où la vengeance est le mobile principal ?
L’entièreté de l’enquête confiée à François Chanel se développe autour de cette mort violente et bien ficelée. Une fois le corps retrouvé, les indices peinent à se montrer. La scène de crime a été parfaitement nettoyée, preuve que le coupable est un fin connaisseur, qui a soigneusement élaboré son plan machiavélique. Lors de l’autopsie menée par l’horripilant médecin légiste Pratt, ce dernier confirme que l’avocat a été la victime d’actes de torture particulièrement atroces. En parallèle, Chanel s’entoure d’un trentenaire appelé Alain, qui a subi une amnésie. L’homme a reçu un don exceptionnel pour l’analyse : son esprit de déduction n’aurait rien à envier à Sherlock Holmes ou même au héros du livre fantastique de Stephen King : Dead Zone. Pris de visions étranges, le lecteur peine à conclure s’il s’agit d’un pouvoir carrément magique ou bien d’une intuition finement développée…
Parmi les grandes qualités de ce livre où de nombreuses thématiques sérieuses sont abordées, quelques points croustillants viennent épicer l’ensemble. Tout d’abord, le lexique et la précision chirurgicale des termes employés dénotent un travail de recherche intense, qui a dû être mené par l’auteur Pascal Marmet. Qu’il s’agisse de produits chimiques, jargon médical et même lieux finement décrits, le résultat est plaisant et crédible, surtout pour celles et ceux qui ont l’habitude de consommer des polars. De plus, l’écrivain a décidé d’y insuffler quelques subtiles références ésotériques, dont la voyance et le poids des dérives religieuses. Puisque le récit reste court, les chapitres se suivent et ne se ressemblent pas. Grâce à des personnages féminins puissants, l’auteur exploite l’énergie sexuelle, afin de créer une atmosphère aussi dérangeante qu’aguicheuse. Prostitution, fétichisme, le lecteur assiste à des « magouilles » et autres manipulations, qui touchent même les hautes sphères de l’État.
L’attitude parfois machiste des policiers est également pointée du doigt avec subtilité. Rapidement, le lecteur se rend compte de l’ampleur de la situation. Dans ce roman très actuel, exposant des problématiques dérangeantes comme le terrorisme et le crime d’honneur, les pièces du puzzle correspondent petit à petit. Et pourtant, l’introduction et les débuts de l’enquête peinent à se lancer. C’est pour mieux troubler le lecteur, qui éprouvera de grandes difficultés à mettre le mot sur la fin de l’histoire. De nombreux éléments permettront aux détectives en herbe de déjouer les rouages du jeu imposé par Pascal Marmet. En s’inspirant de l’intelligence de son héros Chanel, il parviendra à élaborer des théories solides, qui se verront voler en éclat ou non.
Enfin, le roman Exécution porte bien son nom. Dans les bas-fonds des règlements de compte, l’horreur humaine jaillit. Elle est perfide, menteuse, manipulatrice et honteusement dérangée. Pourtant, une lumière d’espoir semble poindre. Parmi tous ces hommes et femmes de la brigade criminelle, certains sont dévoués et déterminés à exposer la vérité au grand jour. Parfois, celle-ci fait froid dans le dos…