Même si la série annexe Donjon Monsters arrive au tome 15, il reste des nouveautés à proposer. Dans le récit complet, Les Poupoutpapillonneurs, un concept étrange arrive : la démocratisation magique.
Harry dans le Donjon
Au début de ce nouveau tome de Donjon Monsters, Un groupe d’élève de différentes espèces animales anthropomorphes sortent de la ville fortifiée pour faire un cours en extérieur. Cependant, il ne s’agit pas d’une leçon de biologie, mais de magie. Le professeur fait d’ailleurs une remontrance à un élève naïf. En lui expliquant qu’il ne suffit pas d’une formule pour jeter un sort. Le groupe rencontre d’ailleurs un cochon qui en secret observe tous les cours.
Blaise Pilossi connaît plus de 200 formules, mais ne sait pas les faire fonctionner. Cet autodidacte ne sait pas qu’il faut porter un artefact, mais est tout de même choisi pour rentrer dans l’école de magie. Le jour même de cette intégration, le pire élève du groupe décide de créer une société secrète pour enfreindre toutes les règles de la magie. Comme vous pouvez vous en douter c’est le début d’une succession de catastrophe dangereuses et hilarantes.
Étrange ! Les débuts de Blaise Pilossi rappellent un autre magicien, mais ce n’est pas un hasard. En effet, les scénaristes Joann Sfar et Lewis Trondheim s’amusent à parodier Harry Potter en reprenant des codes venus du récit d’initiation. Dans ce récit en un tome de Donjon Monsters, le lecteur retrouve un professeur anticonformiste qui sélectionne un paria dans deux communautés pour ses talents naturels.
Ce jeune héros quitte un père maltraitant et exploiteur pour réaliser son rêve et se fait en chemin deux amis : Eric et Pirzuine. Au départ, il fâche un jeune élève et son père qui le soutient. Mais tout est renversé par l’humour des scénaristes. Son ennemi mortel est contraint de devenir ami par le petit doigt de son père.
Seul et pourtant ensemble
La série Donjon Monsters éditée par Delcourt est composée de récits autonomes pouvant se lire sans rien connaître de l’univers partagé d’heroic fantasy du Donjon. Cependant, les fans prennent également plaisir à découvrir des liens avec l’univers partagé. Les Poupoutpapillonneurs se déroule une décennie avant la série principale et le lecteur reconnaît Pirzuine, la future femme de Marvin ainsi que Horous. On retrouve surtout tout le sel de cet univers unique par un récit médiévalisant au premier degrés soupoudré de beaucoup d’humour. Les enfants ont une vision radicale de la paternité.
Contrairement aux récits d’heroic fantasy, Blaise ne cherche pas du tout à venger la mort de ses parents tués par des magiciens. Il ne regrette même pas leur disparition. Cette société anthropomorphique est bêtement raciste. Les cochons sont cesse stigmatisés. Ils sont perçus par les autres comme des idiots dangereux qu’il serait bon d’exterminer. Cette haine si décomplexée devient drôle et tragique. A l’inverse, on voit que les autres espèces vivent en harmonie par un enfant moitié cochon moitié vautour.
Dans la deuxième moitié du livre, un démon cochon est de sortie. Il massacre à tour de bras, mais les magiciens s’en fichent, car les victimes sont des porcs. Cette arrivée pousse le volume vers plus d’action avec des cochons zombies et des Hulk porcins.
Juanungo est le nouveau dessinateur et coloriste de la série Donjon Monsters. Sa mise en page est classique, mais très efficace. Les formes tremblantes et les personnages souvent très petits se fondent parfaitement dans un récit sur l’enfance. L’encrage par zone grise restitue admirablement les expressions.
Ce nouveau tome de Donjon Monsters est une hilarante réussite. Les deux scénaristes s’inspirent d’Harry Potterpour nous faire rire et critiquer le conformisme des adultes. Les Poupoutpapillonneurs est également une parfaite introduction pour découvrir le riche et très souvent hilarant univers du Donjon.
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