Chien Hurlant n’est absolument pas un guide sur l’élevage canin mais ce titre évoque bien la rage que ressent Andréa. Réussira-t-il à faire sortir sa colère sans utiliser ses poings ?
La violence par le net
Andréas et son amie décident de réaliser une vidéo montrant le garçon frappant au hasard un autre collégien. La vidéo devient virale et Andréas est connu pour ses vidéos de tape sous le pseudo de Tyler D. Il devient ce Chien Hurlant du titre. Mais quelle est l’origine de cette immense rage interne ? Quand Andréas rentre chez lui, le lecteur comprend que tout vient d’un problème familial. Après une période de séparation, son père revient au foyer.
Chien Hurlant n’est jamais gore mais le lecteur est cependant bouleversé par certains passages. Des combats sont de la pure violence gratuite. On se bat sans raison valable. Ce déchainement est d’autant plus choquant qu’il est le fait de collégiens en quête de likes ou d’une respectabilité factice. Andréa est un enfant mutique et fragile par bien des aspects. Il fait le cauchemar d’être attaqué par un chien. Cependant, sa violence lui offre le statut de vainqueur dans son collège alors qu’il est LE redoublant de sa classe de troisième. Une référence au film Fight Club illustre que la violence – sur les autres et sur soi – est une solution à la violence sociale. Il se défoule et récolte des vues. En effet, Chien Hurlant c’est à la recherche sur le net d’un amour perdu. Andréa devient une star mais il doit assumer son statut de brute. Personne ne peut lui manquer de respect et son orgueil le contraint à accepter des défis à l’image des boxeurs professionnels. Andréa s’enfonce dans une spirale dangereuse malgré le rappel à la loi par la principale et s’isole de plus en plus. En effet, le jeune garçon désire être vu au collège alors qu’à la maison il ne veut pas voir son père.
La violence à la maison
Andréa joue un rôle au collège et à la maison. Le père revient à la maison à la demande de la mère. Loin d’être heureux, Andréa se méfie de cet étranger qui lui a fait du mal mais n’en parle à personne. Dans Chien Hurlant, le lecteur pénètre dans l’esprit d’un enfant qui refuse de revivre un trauma. Si Andréa a connu des problèmes scolaires l’année précédente, on peut imaginer que c’est en partie à cause des dérives de son père. Il protège sa mère en enquêtant sur son père. Au milieu de tous ces mensonges des esprits, il trouve une vérité par son corps. C’est surtout en sortant de ce milieu toxique qu’il va se retrouver. L’arrivée de son oncle fait également réfléchir Andreas. Cet auteur vivant une vie de nomade.
Chien Hurlant est la première œuvre en solitaire de Mélissa Morin. Scénariste, dessinatrice, coloriste, a un style original par le contraste entre les personnages très détaillés et le fond le plus souvent vide. Pour éviter le pathos, les visages ont rarement des expressions. Morin fait aussi un beau travail sur l’encrage et les couleurs dans les rêves.
Éditée par La Boîte à bulles, Chien Hurlant est une série très sombre dans les premières pages. Le lecteur est totalement brisé en assistant aux tourments d’Andréa et à sa dérive violente. Sans révéler la deuxième partie du livre, on peut dire qu’un fragile espoir se construit. Ce rayon de soleil reste au cœur du lecteur en refermant ce très bel ouvrage.
Retrouvez une autre chronique qui a du chien chez le même éditeur et la chronique des Gilets jaunes.