La société accepte de moins en moins facilement les discriminations. Pourtant, il y en a une dont PERSONNE ne parle : le rejet du zombie. Heureusement, Fortu nous s’y attelle avec humour dans La vie de ma mort.
La vie des morts
Depuis le succès de The Walking Dead, les morts-vivants contaminent toute la pop culture : au cinéma, sur les plateformes, dans la bande dessinée et parfois même avec certains politiciens… Pourtant, personne avant Fortu n’avait osé dévoiler leur vie quotidienne quand ils ne mangent pas des cervelles humaines. Il ose sortir des lieux communs et découvrez dans cette chronique en quoi la vie de ces morts-vivants devient invivable. Partant d’un genre culturel, Fortu, scénariste, dessinateur et coloriste de La vie de ma mort, imagine leur vie pas si banale. Il alterne des blagues très courtes et un fil rouge comme les questions régulières de l’école ou de l’alimentation. Le zombie a un régime alimentaire où le sang remplace un peu tout (le sucre du café matinal, le milkshake du goûter). C’est certes violent mais on dévore à table avec des couverts. Les enfants restent aussi compliqués à satisfaire pour les repas. Par ailleurs, ils doivent d’ailleurs être éduqués pour éviter de mordre jusqu’aux sang les vivants. De plus, ils sont catholiques ce qui est logique après leur résurrection. Le lecteur ou la lectrice découvre le travail du père qui exerce assez logiquement dans un cimetière. Pourtant, le dessinateur ne montre que très rarement les décors en dehors de ce qui est nécessaire car tout passe par les dialogues.
Une communauté rejetée
Ces morts-vivants souhaitent devenir amis avec les humains mais tous leurs efforts sont vains. Quand ils organisent une rencontre, les voisins s’arment avec tout ce qu’ils trouvent comme dans Mad Max. Le zombie a pourtant des talents cachés. Ils sont toujours prêts à vous prêter main forte pour un bricolage. Évidemment, c’est assez surprenant quand ils détachent cette main de leur corps. Ils sont très pratiques comme accessoires de théâtres et peuvent vous éviter d’attendre à une caisse.
Fortu use de l’humour absurde en présentant les problèmes d’un zombie mais ce n’est pas une simple blague de fan de gore. Il profite de ce genre pour parler de la société actuelle. On rit mais on réalise leurs difficultés d’intégration. Les parents veulent se fondre dans la masse mais les enfants en souffrent. Le garçon subit un harcèlement à l’école en raison de sa différence. On se rend compte de la discrimination que subit un groupe minoritaire ou une personne différente. Il est très difficile pour les voisins ou le monde du travail de sortir des préjugés. Tous les zombies ne s’habituent pas facilement à leur nouveau statut. Le rire est assez proche de la réflexion. La collection de petits livres Pataquès éditée par Delcourt s’est fait une spécialité de cette humour à la fois léger et engagé. On peut se souvenir de Banquiz sur le réchauffement climatique ou Comment devenir un auteur à succès sur le milieu de l’édition.
Si le principe de départ de La vie de ma mort peut surprendre : raconter avec humour la vie de zombie. Fortu remplit non seulement l’objectif par des blagues originales mais il va plus loin en nous faisant réfléchir sur le racisme et l’intolérance. Ce livre est donc une lecture parfaite pour un fan de zombie mais aussi si vous souhaitez réfléchir sur le monde réel.
Vous pouvez retrouver d’autres chroniques de cette collection avec Un soufflement de narines et Les aventuriers du Laos.