La mort est devenue un tabou dans les sociétés occidentales mais que faire quand la Faucheuse vient vous chercher ? Le premier tome de Grim vous l’explique dans ce premier tome publié par Huginn & Muninn.
Un voyage mortel
De nuit, dans une route enneigée, une voiture s’est fracassée contre un arbre. Le conducteur se réveille et tente de comprendre la situation. Bryan Michael Andrews est interrompu par une jeune femme brune venue avec une faux. Jessica Harrow lui explique qu’il est mort et qu’elle est chargée de l’accompagner vers l’au-delà. Très pro, elle le ramène jusqu’à la salle de jugement avant de partir… mais Bryan a profité de la situation pour lui voler sa faux.
Si la jeune femme est morte, ce drame n’est qu’un début de la série Grim. Elle est devenue une faucheuse mais ne connaît pas la cause de sa mort. Elle ignore pourquoi car sa cheffe Adira refuse de lui en dire plus. Jessica Harrow remet en cause les règles en franchissant la frontière pour retrouver sa faux. Cette quête n’est que le premier des nombreux rebondissements avec une montée progressive de la tension.
Grim débute par la découverte d’un autre monde : l’au-delà partagée entre bonne et mauvaise mort. Face aux Faucheurs accompagnant les défunts, la Fin, vêtue d’un immense suaire, tue en masse lors d’une fête. Au fil des épisodes, les liens entre les personnages se révèlent.
Une nouvelle sinistre vision
Les cinq épisodes de Grim sont truffés des référence communes sur la mort. Chaque agent porte une faux. Néanmoins, la scénariste Stephanie Phillips modernise la vision de la mort. Jessica Harrow n’est pas un squelette. L’entrée de l’au-delà est une vaste salle d’attente où des haut-parleur vous appellent par un numéro. Cet espace est également plus moderne par sa diversité.
La scénariste Stephanie Phillips ne présente pas la mort comme une triste fin mais un moment de passage. Comme souvent, l’au-delà est en crise en raison d’un problème d’équilibre : il y a trop de vivants mais cette crise n’est qu’un des événements d’une histoire tumultueuse de l’au-delà parcourue de conflits. Le ton général de Grim est sombre mais l’humour allège souvent ce premier tome. Les blagues sont souvent diffusées par le faucheur Eddie, ressemblant à un chanteur de hard rock des années 1980. Ce ne sont qu’une des nombreuses références à ce courant musical. Le livre s’ouvre par une citation d’une chanson du groupe Blue Oyster Cult.
Le dessinateur Flaviano (New Mutants, Power Man and Iron Fist) offre également un contraste avec le propos sombre. Les formes rondes des visages adoucissent la vision de la mort du premier tome de Grim. Les grandes cases avec peu de détails permettent une lecture vive. La texture fait penser à Radiant Black surtout que, comme le scénario, le dessin s’améliore à chaque épisode. Dans le cinquième chapitre, le combat final est épique par l’habile mise en page et l’originalité des armes. Le travail du coloriste Rico Renzi est très réussi. On peut le voir dans la jolie couverture avec un vernis différencié puis, avant chaque chapitre, avec les magnifiques couvertures alternatives de Jenny Frisson. Dans les premières pages, la neige de nuit donne une teinte bleue générale créant une douce ambiance cotonneuse. Quand Jessica s’énerve, les bulles deviennent noires avec un bord et des lettres puis rouges.
Ce premier épisode de Grim est une franche réussite. Le volume commence tout doucement mais prend de l’ampleur en creusant une vision en guerre de l’au-delà et le passé de Jessie. Alors que l’héroïne est un agent de la mort, Grim est paradoxalement une quête des origines. Paradoxalement, la mort devient attendrissante. Les nombreux rebondissements rendent la lecture très distrayante et aboutissent à un double cliffhanger de la fin donnant furieusement envie de lire la suite.
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