[Review] Le guide du mauvais père tome 4, un père toujours à la ramasse

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Guy Delisle poursuit ses histoires drôles sur la difficulté d’être parent par ce quatrième tome du Guide du mauvais père publié par Delcourt le 6 juin.

La face cachée de Delisle

Guy Delisle s’est fait connaître du grand public par des récits de voyage dans les dictatures – Pyongyang – ou sur des pays en tension – Chroniques de Jérusalem – mais il a aussi une autre facette. Dans ses Guides du mauvais père, il raconte avec humour sa vie avec sa fille et son garçon. On reconnaît son style graphique qui mêle la ligne claire et la tradition du cartoon. On retrouve également la part autobiographique – un voyage pour des conventions de BD – mais l’invention par l’humour est plus présente – dans une histoire, se sentant seul, il veut joindre ses enfants qui n’en ont rien à faire car ils continuent leur vie.

Delisle emporté par sa fibre paternelle

Dur, dur d’être un papa

L’auteur ne s’épargne pas – il est si absorbé par la recherche d’outils de travail qu’il oublie sa fille dans la papeterie. Il se retrouve à dire des horreurs à ses enfants sans s’en rendre compte – il devient un hooligan pour supporter son fils nageur. Le père se sent aussi en compétition avec ses enfants – en sortie scolaire il veut répondre avant les élèves. Ce moment est encore plus drôle avec l’énervement de la maîtresse.

Delisle montre un visage moderne de la paternité. Il est un père tendre voire laxiste alors que, devant les autres parents, il veut montrer son sérieux.  Il va même jusqu’à défendre devant son fils le rôle du dessin dans la concentration en cours de chimie mais tout en étant bien moins assuré devant le professeur. On sourit souvent devant les errements éducatifs paternels. Par contre, la mère plus sévère est étrangement absente de ce volume.

Un humour au long cours

Un père pénible

Delisle n’opte pas pour des blagues sur une page mais construit des nouvelles d’humour de plusieurs pages. Le lecteur découvre un comique sur le long terme où il sourit de plus en plus au fil du récit –Le jeu où Delisle a besoin de l’aide de son fils pour un jeux vidéo et devient de plus en plus pénible alors que son fils veut étudier. L’épisode sur Les invités fonctionne sur le même principe – le père manipule ses enfants pour garder de la viande mais au fil des pages les autres adultes se moquent des enfants qui ne mangent pas.

Drôle mais pas que…

Ce petit volume par la taille est une vraie bonne idée de Delcourt car, d’un prix abordable, il permet de découvrir un dessinateur toujours drôle mais pouvant être très émouvant. Le père se sent parfois dépassé par ses enfants qui grandissent – la fille ne croît plus à la petite souris mais veut l’argent. Ce livre se clôt magnifiquement sur une tonalité très nostalgique – un rappel des jolies heures passées entre le père et ses enfants et la crainte de les voir grandir trop vite.

Guy Delisle prouve avec cette série qu’il est un auteur majeur jouant sur de multiples registres d’émotions construisant et dessinant de très beaux récits d’humour. Ce volume est une très belle pierre à l’édifice que constitue la collection Shampooing comme les Petits riens de Trondheim et Le Cil vert. Shampoing devient une collection majeure centrée sur l’humour du quotidien et l’autobiographie.