L’époque est au changement de job. Que diriez-vous de devenir mercenaires ? Dans ce cas, suivez notre guide avec La compagnie rouge.
Des artistes extraterrestres…
Les premières pages de La compagnie rouge plongent entièrement le lecteur dans l’espace par le dessin et les couleurs de Jean-Michel Ponzio. On perçoit le métal, la terre et la peau. Son impressionnant réalisme évoque Mike Deodato Jr. Ensuite, on est soufflé par la très grande précision des véhicules et des robots. Semblant s’échapper d’un Star Wars inédit, les scènes de batailles sont haletantes. Les multiples paysages dans l’espace ou sur des planètes sont dignes de pages de National Geography. En revanche, les visages très numériques semblent collés sur la case. Par le talent de Jean-Michel Ponzio, le scénario complexe multipliant les intervenants, les lieux de combats est très fluide.
Le lecteur est totalement captivé par le monde de La compagnie rouge. Le scénario de Simon Treins facilite également cette entrée. Comme un mousse dans un récit de pirate, le lecteur découvre un autre société : un garçon tout juste majeur rejoint la compagnie rouge en tant qu’archiviste du groupe. Il doit tenir le journal de bord et est formé par le rondouillard Frisette. Il rêve d’aventures mais naïf et curieux il découvre des secrets dans le vaisseau. On assiste à sa première mission : la Compagnie Rouge doit protéger un leader politique sur une planète en proie à la guerre civile. Cependant, cette mission aux franges de la civilisation ignore les règles habituelles.
… partant avec La compagnie rouge dans le futur
La compagnie rouge met en scène une science-fiction en CinémaScope : un immense vaisseau rouge se présente près d’une planète puis envoie de petits vaisseaux sphériques. Ce sont des transports de robots de guerre pour l’invasion d’une planète. Cette première page donne le souffle d’un blockbuster au récit. Cependant, dans cette compétition entre deux groupes de mercenaires ne va pas trop loin. Les civils se moquent de ces changements entre compagnies. La guerre est un métier et ces professionnels refusent de mourir pour des patrons lointains même s’ils se présentent comme des libérateurs. Les mercenaires n’ont certes aucune idéologie mais ils respectent une déontologie : l’honneur passe parfois avant l’argent ou la survie. Ce code de l’honneur est parfois un outil stratégique.
La guerre est en jeu entre les compagnies de mercenaires. La compagnie rouge a failli être exclue du championnat car elle a utilisé des armes nucléaires. Des enfants sortent de classe pour regarder la guerre comme un match de foot. Ils connaissent les clans par leurs bannières. On pense à une Tatooine fertile. Cependant, la compagnie rouge n’est pas composée des gamers ou des héros. Ils ont brûlé des maisons sans raison lors de la précédente mission. Ils méprisent les civils et courent vers un bordel.
Par le talent du dessinateur on se croit plongé dans un monde totalement neuf mais La compagnie rouge est connectée au présent. Les vaisseaux sont certes futuristes mais de nombreux éléments ressemblent aux formes actuelles des satellites. Les armes sont des drones alors que la guerre réelle se robotise. Les compagnies agroalimentaires convoitent les planètes rurales. On pense aux producteurs d’OGM se disputant des marchés. Le groupe de mercenaires est multiethnique. Un personnage non-binaire, Chouette, ne supporte pas qu’on l’appelle madame. Un autre est homo. Ces compagnies de mercenaires évoquent aussi fortement le passé : par les pratiques et les termes (condotta), on peut penser aux mercenaires en Italie.
Édité par Delcourt, La compagnie rouge est le meilleur blockbuster de l’année, porté par le talent du dessinateur Jean-Michel Ponzio. Ce récit complet offre un dépaysement complet. Accrochez vos ceintures, vous allez partir dans l’hyperespace.
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