Le monde n’est pas encore sauvé par l’intelligence collective de l’humanité. Et s’il fallait utiliser neuf pour être plus efficace ? Omni, la nouvelle série des Humanoïdes Associés propose ainsi cette solution.
Une médecin pour guérir le monde
Cecelia Cobbina travaille en République Centrafricaine pour Médecin Sans Frontières quand elle est attaquée par des rebelles pendant une intervention chirurgicale. Sous le coup du stress, elle découvre qu’elle peut utiliser ses neufs types d’intelligences suivant la théorie du psychologue du développement Howard Earl Gardner. Revenus aux États-Unis, elle prend conscience que ces dons ont également été « activés » chez d’autres personnes. Accompagnée de son amie médecin Mae, elle décide de partir à leur recherche mais aussi de soigner un malade dans un état critique : le monde.
Toute ressemblance avec les X-Men n’est pas fortuite
Pour Cecelia, la planète terre est abîmée par l’action humaine et ces mutants sont le symptôme de cette maladie de la terre : chaque ignition, apparition d’un être surnaturel, correspond à une catastrophe naturelle. Pacifiste, la super-héroïne se refuse sans cesse de frapper mais réfléchit pour (con)vaincre. On sort du stéréotype que la puissance vient de la force physique mais de son ou plutôt ses intelligences. En effet, le grand point fort c’est le pouvoir de l’héroïne principale avec ces neuf intelligences. De plus, la série permet de relativiser le QI : oui on peut être nul en maths et être intelligent. Au fil des épisodes, on va suivre Cecelia dans un road trip en camping-car à la recherche d’autres mutants : une femme qui distribue de l’eau dans le désert de ses mains, un rabbin pouvant éteindre les flammes… Le fan des X-Men pense au professer Xavier mais dans une vision bien plus moderne.
En effet, Cecelia ne cherche pas à recruter des soldats du bien mais laisse chacun décider. Même si elle est le personnage principal, elle n’est jamais seule. Elle forme un duo tout en contraste avec Mae. Alors que Cecelia est réfléchie mais froide et silencieuse, Mae est plus humaine mais aussi plus impulsive. Pour faire connaître leur projet, elle décide de le consigner dans un comics. Dans la conclusion de cette série, elle retrouve sa famille alors que son frère est en crise. Dans le quatrième épisode, les recherches de Cecilia prennent une tout autre ampleur quand un businessman indien lui annonce qu’il vient de la part d’Omni, une société créée pour repérer les Ignited. Dans le second tome, Cecelia Cobbina est subventionnée et profite désormais de la technologie de cette entreprise mais elle s’en méfie.
Un univers partagé et engagé
Comme tout l’univers H1 des Humanoïdes Associés, Omni est une œuvre engagée non seulement par son regard porté sur le monde mais aussi par des figures innovantes de super-héros. La courageuse médecin ne se considère pour plus pas comme une héroïne : elle refuse même de porter un uniforme. Chacune des rencontres de l’équipe de Ceccelia avec les Ignited est l’occasion d’évoquer un problème social contemporain. Elle va aider Anthony accusé sans preuve du meurtre d’un flic. Le thème des violences de l’État parcourt d’ailleurs l’ensemble de la série tout en proposant une vision plus nuancée. L’armée américaine ne pas forcément cherche pas forcément à utiliser les Ignited à son profit. Dans le deuxième récit, des enfants migrants chahutent un sénateur anti-immigration pour récupérer leurs parents. On suit également en parallèle une vétérante n’arrivant pas à retourner à la vie normale. Dans le tome deux, on découvre les abus dans une prison de femmes et l’antisémitisme. Toutes ces affaires font échos à l’actualité mais sont insérés dans un récit d’action et d’enquête.
La scénariste Devin Grayson est une vétérante du comics et la première femme à avoir écrit du Batman. La dessinatrice du premier tome, Alitha Evelyn Martinez, moins expérimentée, joue sur les textures pour montrer le passé par des couleurs ternes comme si la page avait été trop longtemps laissée au soleil. Par un choix malin, elle montre les pouvoirs de Cecelia : différents clones scintillants de la doctoresse d’une seule couleur représentent les différentes intelligences en action. Néanmoins, les cases semblent parfois bâclées à chaque fin d’épisode. L’équipe créative a totalement changé dans le tome deux. La scénariste est Melody Cooper. Il y a trois dessinateurs pour cinq épisodes et ce changement hélas se voit. Giovanni Valletta réalise plus un croquis qu’un dessin. Les dessinateur suivants (Cris Bolson et Enid Balám) sont plus précis sans être originaux.
Étant un récit social, Omni s’inscrit dans la ligne de l’univers H1 qui veut confronter les super-héros aux dures réalités du monde. Cet engagement peut choquer certains mais la série complète en deux tomes dépasse ce but louable de départ. En effet, le personnage de Cecelia et encore plus son pouvoir font souffler un air frais sur le genre.