L’homme de loi afro-américain est de retour pour un sixième tome chez Delcourt et Marshall Bass a toujours autant de mal avec sa famille. Il retrouve sa famille et découvre un beau-fils qui ne convient pas du tout à un shériff.
Un père indigne malgré lui ?
River Bass, ancien esclave affranchi est le premier shérif noir. Il l’accepte pour promouvoir l’égalité mais la société accepte très mal ces changements. De plus, il a beau être un Marshall, il a bien du mal à faire respecter sa loi dans sa famille. Dans un tome précédent, le Marshall Bass avait tué son fils par devoir professionnel. Ce meurtre avait poussé sa femme Bathsheba à partir avec ses enfants. Pendant ce temps, sa très jeune fille vit avec un boutiquier bien plus âgé dans une ville industrielle. Son père vient avec violence la récupérer mais elle refuse ayant plus peur de son paternel que de son futur époux. Elle révèle néanmoins à River où sa femme a emmené ses enfants. Il les retrouve dans l’Hacienda de Don Vega. Sa compagne enceinte va épouser le propriétaire. Mais la vaste propriété agricole est occupée par le gang de Los Lobos dirigé par le frère de Don Vega. Encore plus grave pour un représentant de la justice, ce Joaquin doit bientôt épouser une des filles de Bass. Cependant, le mariage risque d’être perturbé par les coups de fusils qui s’annoncent. Avec l’avancée de la série, des personnages récurrents reviennent même en dehors de la famille de Bass et enrichissent l’univers de Marshall Bass, comme le chasseur de primes malchanceux Turtle.
Les illustrations d’Igor Kordey peuvent perturber au départ. Ses corps occupent une grande partie de la case. Les visages sont très expressifs parfois. L’ensemble peut aussi faire penser aux peintures des artistes muralistes mexicains comme Diego Rivera. Mais une fois que l’on s’est habitué, son style fait mouche et apporte une grande originalité au Marshall Bess. De la même manière, les couleurs de Nikola Vitkovic sont très réussies.
Marshall Bass, un récit entre rire et larme
Le scénariste Darko Macan vous propose avec Marshall Bess un western à la fois absurdement drôle et tragique. La bande de Los Lobos est pour le moins atypique. Joaquim était l’héritier de l’immense hacienda mais il a été chassé par son père qui était choqué du gaspillage d’argent pour l’alcool et les femmes légères. Ce chef égoïste pousse le reste de la bande à sacrifier sa liberté pour le confort de la vie dans la propriété de son frère. El Professor militant communiste est retrouvé par un chasseur de primes qui finira par creuser sa tombe. Deux autres desperados discutent littérature avec El Professor. Ils échangent leurs points de vue sur l’art… et l’unique paire de lunette de la bande. Leandro est un homme tronc transporté à flanc de cheval dans un panier. Il devient suicidaire quand il reste trop longtemps à un endroit. Ce groupe a pour habitude d’enterrer vivant leurs ennemis en ne laissant sortir que la tête. Par ce groupe assez drôle, le lecteur commence la lecture en souriant. Cependant, lorsque les coups de feu arrivent, le sang gicle partout. La violence efface tout sentiment et brise les unions.
Marshall Bass présente un monde violent où la loi du plus fort règne. Des enfants apprennent à égorger avant de savoir lire. River veut appliquer la justice mais dans ce monde c’est souvent une quête absurde et inutile. De plus, le bonheur est toujours précaire.
Si le sable du désert vous manque, vous pourrez découvrir Les dragons de la frontière sur ce lien ou une version tout aussi violente de la conquête de l’ouest dans 7 Deadly Sins.