Marshal Bass affronte son armée dans le tome dix

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Le shérif adjoint afro-américain Bass revient dans Hell Paso. Dans cette nouvelle aventure, il est confronté à une épidémie mais également à son beau-père. Découvrez cette double menace dans notre chronique.

État d’urgence à El Paso

Le tome précédent de Marshall Bass suivait deux groupes dans l’Ouest. D’une part, Doc Moon intervient dans différentes fermes pour faciliter la fin de vie sans respecter le serment d’Hippocrate. D’autre part, River Bass travaille avec sept Texas Rangers pour retrouver des Comanches ayant enlevé la fille d’un riche propriétaire. Cependant, la résolution de cette chasse à l’homme est très surprenante. Si Bass adopte une tactique discrète, les autres policiers usent de violence au point que on douter de leurs origines. En effet, ces hommes sont des criminels se cachant en se faisant passer pour des policiers. A cause de cette maladresse, Bass a failli mourir et garde une tenace rancœur contre ces Rangers.

Voici un beau cliffhanger du tome neuf mais ce volume ne prend pas la suite directe de l’attaque. Les premières pages vous emportent à El Paso : le major Philipp Penn fait placer le corps d’un déserteur sur la bouche du canon puis explose le corps par un tir. Cet homme aigri a perdu tout espoir de promotion et choisit d’abuser de son pouvoir. On comprend que la ville est placée en quarantaine. La peste y sévit et il reste quelques heures pour empêcher l’armée de bombarder la ville avec ses habitants.  Au départ, Bass se désintéresse de la situation jusqu’à ce qu’il apprenne que les Texas Rangers du colonel Helena y sont bloqués. Ce n’est que plus tard que l’on comprend les événements ayant menés à cette situation.

Si Marshall Bass se déroule dans le passé, la série est pleinement dans son époque. Le scénariste Darko Macan déconstruit l’histoire en montrant la communauté afro-américaine. Par son statut de shérif adjoint, River Bass peut profiter de la nourriture d’un restaurant chic… mais il doit déjeuner dehors. Les hommes sont des brutes qui n’acceptent aucun refus des femmes. Par les dialogues, il explique la triste banalité de l’inceste faisant écho à la libération actuelle de la parole. L’isolement d’El Paso rappelle l’épidémie de la covid même si l’armée a un rôle bien différent. Par Doc Moon, on voit que la famille est un choix plus qu’une situation.

Le blues dans Marshall Bass
Le blues dans Marshall Bass

Le cow-boy n’est plus solitaire

Depuis les débuts de la série Marshall Bass, le lecteur découvre la famille de cet agent afro-américain de l’ordre. On avait découvert dans le tome sept l’origine de son couple. Leur père sans cesse contraint de partir, les garçons de Bass sont considérés comme des bâtards par leurs camarades de jeu. Blessé à l’œil, l’aîné David Bass se réfugie dans le musique. Sa mère veut le détourner du chemin du diable mais il prouve l’ampleur du sacrifice qu’il consent pour la musique. Cette évolution est l’occasion pour le dessinateur Igor Kordey de réaliser de belles cases sur le pouvoir du blues qui transforme un bar en paradis de la danse. Par les gros plans, Kordey s’intéresse aux fluides corporelles du sang à la salive. Ailleurs, il sait suggérer les explosions de violence et montre ses conséquences tout en évitant le gore gratuit. Le coloriste Anubis a un grand rôle dans cette ambiance sombre. Il refuse le réalisme et le soleil très présent de cette région mais opte pour des couleurs sombres avec un encrage noir très présent.

Ce volume s’intéresse également à leur grand-père maternel Tom. Tel un ver dans le fruit, il pervertit la famille déjà éprouvée par des aventures au Mexique. Il fait du trafic en usant de ses vastes connaissances sur les ragots et utilise sa petite-fille pour mendier.

Édité par Delcourt, la série Marshall Bass ravit le lecteur à chaque nouvelle sortie. Ce volume11ratifs du tome précédent et propose des pistes prometteuses d’évolution sur la famille Bass.

Retrouvez sur le site des textes vers le premier tome de la série et vers Colt & Pepper des mêmes artistes.