Marguerite Lalèyê dévoile les secrets du voyage vers l’autre Terre

0
525

L’artiste et thérapeute Marguerite Lalèyê offre une lecture thérapeutique avec L’Autre Terre – Méditations, rituels, connexion au vivant. Dans cet ouvrage de développement personnel, parsemé d’éléments autobiographiques qui permettent de mieux comprendre son parcours, l’auteure a choisi d’agencer son livre de manière à ce que son lectorat soit également partie prenante à travers des espaces de réflexions dans lesquels chacun a le pouvoir de méditer sur son soi intérieur et la possibilité d’exprimer son intimité la plus profonde. Rencontre avec cette écrivaine, thérapeute et artiste.

Originaire du Bénin, fille d’un père philosophe, Marguerite Laléyê arrive en Suisse il y a vingt-cinq ans, en 1997. Un an plus tard, elle commence ses « premières explorations » sur son vécu par « une psychothérapie humaniste avec comme objectif global d’être mieux » dans sa peau, confie-t-elle en introduction de L’Autre Terre. Marguerite Laléyê a d’abord suivi une formation d’aide familiale intervenant à domicile en 1998 avant de se lancer dans la pratique. Elle s’oriente ensuite vers le massage thérapeutique et crée son espace de soin et de thérapie, dix ans plus tard, à Fribourg. Sa démarche thérapeutique pluridisciplinaire intègre l’art, le toucher et la musique afin d’amener ses patients à se concentrer avant tout sur les sensations qu’ils éprouvent.

Comment décririez-vous votre livre pour nos lecteurs ?

Ce livre est né de mon parcours de vie, des expériences, des différentes explorations menées jusqu’à ce jour. Je me suis mise en recherche de qui je suis, mais surtout comment vivre, comment avancer sur ces chemins de l’existence avec légèreté, me réconcilier avec mon passé et mon parcours de vie. Ce livre vient aussi de tous les clients qui viennent à ma rencontre depuis quinze ans maintenant, et toutes ces histoires de vie que j’entends, toutes ces luttes, tous cet égarement de soi-même. C’est un peu le mélange entre les personnes que je rencontre et ma propre histoire qui m’a donné envie de l’écrire.

J’ai également eu envie de partager ma vision multidimensionnelle de la vie. Je fais brièvement le lien avec un livre que j’ai écrit il y a quelques années qui s’appelle S’éveiller aux pouvoirs guérisseurs des mondes oniriques – Du rêve à l’expérience hors du corps (Recto-Verseau, 2017). J’ai vécu pendant plusieurs années ces expériences qui se traduisent par l’impression de sortir de mon corps. Il s’agit, en fait, de voyager dans différents espaces de conscience et c’est quelque chose qui a beaucoup imprégné ma manière de regarder le monde et une tendance à mélanger les plans. Nous retrouvons cette dimension dans la dernière partie de L’Autre Terre lorsque je partage des histoires de soin entre réel et imaginaire, visible et invisible. C’est tout un caractère de l’ouvrage qui est aussi très présent dans la connexion à la nature, quand je me promène et puis, tout à coup, je vois un arbre qui devient une femme par exemple. Ce monde de l’imaginaire et de l’invisible est indispensable dans ma manière d’accompagner les gens qui viennent me voir ou lorsque je crée. Il y a quelque chose de très important parce que c’est aussi une source de créativité, d’évolution, que de pouvoir mélanger les mondes pour trouver des réponses. En tout cas du soutien lorsque l’on retient une information issue d’un rêve puis qu’on la relie à un élément vécu. Cette possibilité de mélanger les plans donne beaucoup plus de puissance et de force à notre existence.

À qui se destine votre ouvrage ?

À toutes personnes en quête de sens, en recherche, en questionnement ou en recherche d’inspiration. La tranche d’âge pour aborder l’ouvrage est assez large. Je connais des adolescents de 15-16 ans qui l’ont lu. Ils sont aussi interpellés et touchés parce que dans le monde, on ne peut pas ne pas être bousculé par tout ce qui se déroule actuellement. Les personnes d’un certain âge s’y retrouvent également. Après une vie accomplie, quel regard avoir sur la vie qu’on a eu et comment se placer dans le monde d’aujourd’hui ? Je crois que la personne la plus âgée qui a lu le livre, à ma connaissance, approche les 90 ans.

Vous expliquez en préambule, dans « Un livre qui parle de l’âme », que vous avez pris le parti « d’utiliser le masculin tout au long des chapitres » car « Femme, homme, âme, seulement le Un qui s’exprime, une goutte d’eau qui parle de l’océan à l’océan ».

Avec mon parcours et ce que j’ai eu à traverser, j’ai été entraînée vers l’espace d’énergie de la vie. Il m’est parfois difficile de me définir comme homme ou femme par rapport aux critères que l’humain a posé. Je me sens un être. Je suis dans le respect de toutes les formes d’écriture parce qu’il y a tellement eu de confusion, de souffrance, de mise en boîte. Je suis moi-même mise en boîte de par ma couleur de peau, ma culture. Il y a beaucoup de séparation dans la manière dont l’être humain essaye de définir le vivant. À travers le livre et au regard de mon histoire, j’ai le sentiment d’aller davantage au-delà de ces divisions. J’ai employé le masculin parce que c’était aussi plus pratique pour écrire et puis, en même temps, il m’était important de préciser d’emblée dans quel sens je l’utilise.

Dans « Puisse ce livre vous inspirer », vous énoncez une douleur reniée et occultée. Comment réussir à mettre le doigt dessus sans consulter une ou un spécialiste ?

La vie par elle-même est le meilleur des thérapeutes. Vivre est déjà une manière d’être en thérapie, en évolution, en mouvement, en éveil. Parce que la vie nous réveille, nous secoue, nous bouscule. Après, il est parfois difficile d’avoir une certaine lucidité dans notre manière d’interpréter ce qui nous arrive, de l’utiliser à bon escient. Cela va aussi dépendre de notre culture, de nos origines, du contexte dans lequel on se trouve. C’est une question pour laquelle je ne peux pas faire de généralité mais qui va s’adapter à chacun. Certaines personnes arriveront à identifier certains éléments occultés pour en prendre soin. Si je pars de mon expérience personnelle, cela m’arrive de plus en plus d’arriver à identifier certaines choses, à en prendre soin à différents niveaux de ma conscience mais cela a nécessité tout un cheminement pour sortir d’une sorte de brouillard d’abord et puis quand même d’apprendre un peu sans trop m’y fixer néanmoins. C’est toute une aventure.

Pourquoi avoir choisi de disposer votre ouvrage avec des « espaces de réflexions », « illustrations », « sankalpa », « citations » ?

Je suis quelqu’un qui lit plusieurs livres en même temps. J’ai tendance à les traverser et j’éprouve un peu de peine quand le texte est serré. Il m’était important d’amener cette respiration, cette légèreté et puis de mêler aussi un peu toutes les facettes que j’ai à ma disposition entre les illustrations qui ont été réalisées spécialement pour ce livre et puis la notion de questionnement pour ne pas simplement être en train de parler de mon histoire et de ma philosophie de vie. Je souhaitais aussi amener le lecteur à s’interroger et à faire une plongée en lui-même puisque chaque chemin est unique. Le mien n’est pas celui qu’il faut suivre. Je trouvais important que le lecteur puisse aussi aller en lui-même, créer son propre chemin.

J’ai réalisé tous les textes, même les citations. Cependant, rien ne se crée, tout se transforme, je suis le produit de tout mais ce sont des créations personnelles. Les illustrations sont pleines de sens, de force et de vibrations. En tout cas, je les ai créées dans des états méditatifs avec un certain état de présence. Tout ce qui est lié à la partie où il y a ce rituel proposé permet d’amener des mots-clefs forts pour stimuler la créativité, pour ouvrir un infini de portes et de possibles pour la personne qui lit, qui est en contact avec l’ouvrage. Le Sankalpa est, quant à lui, lié à la notion d’engagement. Sur un chemin d’évolution il y a vraiment cette notion de se positionner et de prendre sa vie en main, quel que soit ce qui nous est arrivé, quel que soit ce qui peut se passer. Cela permet de contacter, rester en lien avec cette essence qui est sienne et que personne ne peut atteindre. L’idée est de comprendre comment puis-je vraiment, à partir de là, rester droit, levé.

Comment avez-vous procédé lors de la réalisation des 77 illustrations ? Ont-elles été créées en écho avec vos textes ?

Oui, c’est un mélange entre des photos ou des supports visuels avec des tableaux que j’ai réalisés, des superpositions, un travail graphique à l’aide d’un logiciel parfois aussi. Pour la plupart des illustrations je suis partie du texte mais il y a aussi des textes qui résultent de l’illustration. Je crée souvent en pleine nuit. Parfois, je me lève à trois heures du matin et là, une inspiration surgit. Je pose le visuel et en parallèle du texte émerge également.

Les questions des espaces de réflexions sont parfois très profondes et peuvent sembler intenses aux lecteurs et lectrices. Quels conseils leur donneriez-vous pour qu’ils et elles arrivent à se laisser aller dans leurs réponses ?

L’idée qui me vient, c’est déjà d’imaginer un espace intime et sacré dans la notion de spirituel dans le sens d’un endroit clair pour pouvoir s’y placer et se donner le droit de s’y mettre à nu. Ces questions, il est vrai que parfois elles vont bousculer le lecteur pour lui proposer d’être authentique. Il faut pouvoir se dire : « je dégage cet espace en moi et, dans cet espace-là, je me fais la promesse de laisser tomber toutes les barrières possibles et conscientes pour faire de mon mieux finalement pour répondre aux questions qui me sont posées ». Il peut également être intéressant d’aller chercher du soutien d’une manière ou d’une autre. Avec une promenade dans la nature par exemple ou, si la personne est en thérapie ou en recherche, demander un soutien ou un éclaircissement complémentaire. Cela va dépendre de chacun, où en est-il et quelle est déjà sa manière de se remettre en question et de s’ouvrir à la vie. Chacun fera de son mieux là où il est et ce sera déjà énorme parce qu’on ne part que de là où on est et chaque pas demeure important et précieux.

Pourriez-vous, pour aiguiller nos lecteurs, vous prêter au jeu de répondre à l’une de ces questions ? Par exemple, celle de la page 64 : « Quelle est la dernière fois où vous avez vécu l’expérience du lâcher-prise ? Quels cadeaux avez-vous reçus ensuite ? »

Je peux prendre une situation avec un de mes clients qui m’a amené une situation très complexe dans un sens mais, dans un autre, assez symbolique dans une difficulté qu’il vit actuellement dans sa vie depuis plusieurs années et qui s’est somatisée un petit peu dans son corps. Nous étions tous les deux en train de poser des hypothèses, de créer des liens symboliques avec des images entre son passé, son présent et sa personnalité. Tout à coup, la situation a commencé à devenir un peu hermétique dans sa vision des choses. À ce moment-là, je me suis dit, lâche tout dans ce mouvement d’amener des pistes. Nous devions nous relâcher et passer au soin suivant. Ce dernier consistait à ce qu’il passe sur la table de massage pour nous concentrer davantage sur le toucher et les sons mais il pouvait encore continuer de parler. Dans cette situation-là, il s’est mis à s’exprimer, une fois qu’il était touché. Des réponses ont tout de suite surgi. Alors qu’il semblait complètement fermé à un moment donné, le fait d’avoir lâché prise à ce moment-là, lui et moi ensemble, on s’est soudain trouvés dans un autre espace-temps, un autre espace de possibilités où un nouvel éclairage a pu surgir et jaillir. C’est une manière de lâcher prise face à certains mouvements de la vie. On se retrouve parfois pris dans un mouvement, avec une idée peut-être, avec une certaine dynamique et puis en même temps il faut de temps en temps, ne serait-ce qu’un petit instant, réussir à relâcher un peu pour permettre à la vie de nous dire ce qu’elle a à nous dire. Il faut parfois savoir ne rien faire et seulement le voir.

Le cadeau est toujours le reflet de cette confiance en la vie. Se rappeler de se laisser porter aussi par cette sagesse du vivant parce que c’est vraiment ce que je partage dans le livre et ça reste une pratique du quotidien. Quand on a été habitués à faire autrement pendant plusieurs années et que, soudain, on voit les choses ou on a envie de les vivre différemment. Il y a cependant toute cette phase de l’intégration, de la pratique et c’est au quotidien qu’il faut pouvoir se souvenir de l’essentiel. Dans cette situation-là, le cadeau a été une occasion, encore une fois de plus, de me souvenir de cet essentiel, d’être-là, active mais en même temps passive face au mouvement du vivant qui sait aussi tellement comment nous aider et nous éclairer.

Combien de temps vous a pris l’écriture de ce livre ?

Sa réalisation m’a pris à peu près quatre ans mais toute une vie d’expérience. Je m’y suis replongée à diverses reprises pour l’enrichir, le nourrir. En même temps que je l’écrivais, il se passait plein de choses dans ma vie que j’intégrais aussi dans mon texte soit sous forme de rêves, soit sous forme de rencontres ou autres.

Pourquoi avoir décidé de l’intituler L’Autre Terre – Médiations, rituels, connexion au vivant ?

« L’autre Terre » parce que c’est cette autre Terre en nous, c’est ce que j’explique en début d’ouvrage. Étant donné qu’actuellement, au niveau mondial, il y a vraiment cette notion de l’environnement, de prendre soin de notre Terre, il m’était important dans ce que j’ai expérimenté et ce que je vis aussi, d’amener à se dire : « Mais tiens, aimer la Terre ne serait-ce pas s’aimer soi-même d’abord ? Comment aimer la Terre si on ne s’aime pas soi-même ». « Méditations, rituels et connexion au vivant » a été choisi pour mettre un peu en avant cette notion de retour à soi, de clarté intérieure, de positionnement, rituel dans la notion d’engagement, de créativité, de conscience aussi. Pour la connexion au vivant, l’axe principal et central est le suivant : le vivant dehors qui est le vivant dedans, aimer le dedans pour aimer le dehors, se laisser aimer par le dehors pour aimer le dedans. Quand je parle de se laisser aimer par le dehors il s’agit finalement de se laisser aimer par la nature dans ce qu’elle est aussi, sa générosité, tout ce qu’elle nous enseigne, tout ce qu’elle peut nous apprendre, par ce qu’elle est tout simplement.

Considérez-vous que votre livre possède des vertus thérapeutiques ?

Jusqu’à présent, c’est ce que je constate. C’est sûr qu’il en a eu pour moi, c’est vraiment comme un livre qui est vivant parce que plus je le relis actuellement et plus il me transforme et plus je me rends compte que son écriture continue de me transformer. Les retours que j’ai jusqu’à présent, c’est vraiment que les lecteurs sont très touchés, que les mots résonnent juste dans leur profondeur et qu’il y a un sentiment d’être entraîné vers des profondeurs justement. En même temps de sentir cette possibilité, de s’en relever et d’émerger de cela, d’en faire une source d’inspiration, de transformer en force une ouverture à accueillir un peu plus, un peu mieux peut-être, la totalité de ce que nous sommes entre orage, pluie, soleil et de continuer à s’aimer tout de même parce qu’on se rend compte que cela peut aussi être beau.

Avez-vous d’autres projets littéraires en cours ?

Oui, L’autre Terre est ma 7ème ou 8ème publication et je suis déjà sur un autre ouvrage depuis quelques années aussi que je me réjouis de pouvoir poursuivre. Il tourne autour de ma pratique thérapeutique et du toucher. Je ne sais pas encore pour le moment quand il verra le jour.

Michel-Angelo